Julien Benneteau l'avait annoncé, il disputerait à l'occasion de cette tournée américaine les derniers échanges de sa riche carrière. Mais malgré une défaite au 2ème tour de l’US Open face à Struff, « Bennet’ » a tenu à venir une dernière fois en équipe de France de Coupe Davis avant donc de tirer sa révérence. Pour rendre hommage à un des chouchous du tennis français, et à sa belle carrière, revenons ensemble sur les faits qui ont marqué ses 18 ans de professionnalisme.
Mahut et Roger-Vasselin, partenaires d'une carrière de double aboutie
Tout commence en 1999, avant même le début de sa carrière sur le circuit professionnel. Alors âgé de 17 ans, Julien Benneteau remporte l'US Open Juniors aux côtés de Nicolas Mahut, et est honoré, comme son coéquipier, par le titre de champion du monde de leur catégorie. Le début d'une carrière très prolifique dans cette discipline pour les deux jeunes français ; d'une grande amitié, aussi. En 2003, ils remportent le tournoi de Metz en battant la paire Llodra/Santoro, et glânent ainsi leur premier titre sur le circuit ATP. Après un deuxième titre commun à Lyon en 2009, leur collaboration se fait de moins en moins fréquente et Nicolas Mahut commence à s'associer à Edouard Roger-Vasselin. Néanmoins, notamment par le biais de la Coupe Davis, les deux hommes resteront toujours liés, et se permettront même le luxe de remporter un nouveau titre ensemble à Marseille en 2017.
Après diverses expériences aux côtés d'autres joueurs français ou étrangers (comme par exemple Nenad Zimonjic), “Bennet” fait le choix de s'associer à Edouard Roger-Vasselin, dans le but de se qualifier pour les ATP Masters Finals en fin d'année. Ils remportent alors l'Open 13 de Marseille mais aussi et surtout Roland-Garros, en battant en finale la paire espagnole composée de Marc Lopez et Marcel Granollers (6-3/7-6). Ils atteignent donc leur objectif en se qualifiant pour le Masters (demi-finalistes). Julien Benneteau termine l'année numéro 5 mondial en double, son meilleur classement en carrière.
En 2016, ils sont battus par Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut en finale de Wimbledon, avant de décrocher leur dernier titre ensemble à ce jour, à Metz, il y a un an. Le 12ème et dernier titre de la carrière du Bressan.
Une carrière en simple bredouille de titres mais chargée de grandes victoires
Alors qu'il fait ses débuts sur le circuit en 2001, c'est en 2004 que Benneteau se révèle. Après un titre en Challenger (à Andrézieux), il s'offre plusieurs grosses têtes d'affiches dans des gros tournois : Mardy Fish et Ivan Ljubicic à Miami, David Ferrer à Roland-Garros, Tomas Berdych à Wimbledon, et Rafael Nadal à Lyon (6-3/6-0 !) ; rien que ça ! Il est quart de finaliste à Roland-Garros en 2006.
En 2009, il s'offre son premier quart de finale en Masters 1000, à Cincinnati, passant proche de l'exploit sur Andy Murray. Mieux, il s'offrira quelques semaines plus tard, devant le public de Bercy, le scalp du numéro un mondial, Roger Federer (3-6/7-6/6-4).
Il remettra ça en 2013, lors du tournoi de Rotterdam, où il éliminera le Suisse en quarts de finale, avant de buter sur Del Potro en finale.
Entre temps, il a obtenu son meilleur classement en simple (27e) et réalisé une des meilleurs performances de sa carrière en perdant en cinq sets à Wimbledon sur… Roger Federer en 2012 (après avoir mené deux sets à 0). Nous vous proposons de revivre ce match mémorable, en long format :
En 2014, il connaît son meilleur résultat en Masters 1000 à Cincinnati, où il atteint les demi-finales, notamment après une victoire sur Stan Wawrinka (numéro 4 mondial) en quarts de finale. Il enchaîne dans la foulée avec un quart de finale à Shangaï, et une victoire sur Grigor Dimitrov (numéro 10) en prime.
L'année 2015 sera sans doute la plus difficile de sa carrière. Victime d'une pubalgie, qu'il traîne depuis 2012, sa saison est quasi-blanche. Il retombe au 527e rang. Mais presque comme d'habitude, avec les qualités de guerrier qu'on lui connaît, Bennet' s'accroche et trouve les ressources pour revenir progressivement dans les 200 (2016), puis dans le top 100 (2017).
Le point d'orgue de la dernière partie de carrière de Julien en simple intervient à Bercy, là où il avait battu pour la première fois un numéro un mondial, huit ans plus tôt. Opposé à Jo-Wilfried Tsonga dès le premier tour pour ce qu'il a annoncé comme étant son dernier Bercy, beaucoup voit sa route s'arrêter prématurement. Au contraire, il fera sensation. Après sa victoire surprise face au Manceau, Julien Benneteau écarte successivement deux tops 10 (une première pour lui) en les personnes de David Goffin et Marin Cilic. Il verra son parcours stoppé en demi par le futur vainqueur, Jack Sock, mais l'essentiel est ailleurs. Sa sortie est réussite, en témoigne l'émotion constante sur son visage tout au long de la semaine, émotion qui sera d'ailleurs aussi la nôtre. Tu nous manqueras, Julien.
L'équipe de France, une parenthèse enchantée
Comment parler de la carrière de Julien Benneteau en équipe de France sans évoquer les Jeux Olympiques de 2012 ? Sélectionné à la suite du forfait de Gaël Monfils, le natif de Bourg-en-Bresse passe un tour en simple avant de perdre sur Roger Federer. Mais c'est en double qu'il réalise une superbe performance. Associé à Richard Gasquet, il atteint les demi-finales du tournoi, ne s'inclinant que face aux frères Bryan. Lors de la petite finale, ils sont opposés à la paire espagnole Lopez/Ferrer. Comme en 2010 en Coupe Davis ou en 2014 en finale de Roland-Garros, il remporte son duel face à une paire ibérique. Il décroche ainsi la médaille de bronze, un nouveau moment fort dans sa carrière !

Concernant la Coupe Davis, Julien Benneteau est depuis 2010 régulièrement appelé chez les Bleus, notamment pour disputer le double du samedi, qu'il a joué à 11 reprises pour 7 victoires et 4 défaites. De ses victoires en 2010 avec Michaël Llodra contre l'Allemagne et l'Espagne, à ses défaites avec ce même partenaire en Argentine (en 2011) et celle avec Richard Gasquet en finale contre la Suisse (en 2014), match lors duquel il a pallié le forfait de dernière minute de Tsonga, il nous aura là encore fait vibrer, une fois de plus.
En 2017, il est appelé par Yannick Noah pour disputer le quart de finale face à la Grande-Bretagne, lors duquel il apportera le 3ème point décisif aux côtés de Nicolas Mahut, battant la paire Inglot/Murray en 4 sets serrés. Il est également pré-sélectionné pour disputer la grande finale à Lille face à la Belgique en novembre. Mais il ne sera pas retenu pour disputer le double, le capitaine lui préférant Herbert et Gasquet. Cependant, ayant joué lors de la campagne des Bleus et pour l'ensemble de sa carrière, il ajoutera à juste titre la Coupe Davis à son palmarès ! Il reviendra lors de la demi-finale des Bleus face à l’Espagne en septembre 2018 pour qualifier la France à l’issue d’un double remporté en 3 sets aux côtés de Nicolas Mahut.

Jusqu'au bout, Julien Benneteau nous aura donc fait exulter, en sortant une tête de série pour son dernier tournoi du Grand Chelem, et en qualifiant la France en finale de la Coupe Davis. J'aimerais au nom de toute la rédaction, remercier Julien pour toute ses années de professionnalisme, symbolisées par sa générosité sur et en dehors des courts. Il manquera au tennis français et même mondial. Nous lui souhaitons le meilleur pour la suite, et notamment pour la prochaine année 2019 où il commencera son mandat de capitaine de Fed Cup.
(source de l'image en Une : Sport 24 – Le Figaro)
Grégoire ALLAIN (@GregoireAln)