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NFL : Russell Wilson chez les Broncos, destins croisés pour Denver et Seattle

Avant même l’ouverture officielle de la saison 2022, les Broncos ont frappé extrêmement fort sur le marché des transferts en attirant Russell Wilson. Si Denver a payé le prix fort, la franchise du Colorado semble enfin en mesure de jouxter dans le haut du classement ; tout le contraire des Seahawks dont la perte de celui qui était le visage de la franchise depuis presque une décennie entraîne officiellement l’équipe dans une reconstruction.

Denver enfin candidat au titre ?

C’est un véritable tournant dans l’histoire récente des Broncos. Incapable de réaliser une saison avec un bilan positif depuis le départ de Gary Kubiak en 2016 et loin de la course au titre depuis sa victoire lors du Super Bowl L face aux Panthers, Denver a changé de dimension mardi dernier en s’offrant Russell Wilson. Une retouche majeure pour un effectif déjà très bien construit.

Russell Wilson, chaînon manquant ?

C’est euphémiser que de dire que la venue de Russell Wilson dans le Colorado revitalise complètement la franchise. Depuis le départ de Peyton Manning, à la fin de l’exercice 2015, Denver n’a pas réussi à retrouver un joueur en mesure de mener son attaque comme l’avait fait le vétéran, bien que loin d’être dans la fleur de l’âge lors de son passage. La liste des quarterbacks qui lui ont succédé est loin d’être reluisante, oscillant entre erreurs de casting et solutions bancales. Personne ne put porter cette attaque sur ses épaules, alors que la franchise semblait souvent à un quarterback près d’être compétitive. Et c’est en ça que l’arrivée de Russell Wilson change la donne.

Arrivé dans la ligue en 2012, l’ancienne idole de Seattle a confirmé au fil des années qu’il comptait parmi les références à son poste. Pas toujours très bien entouré ou protégé, il a démontré une régularité impressionnante, notamment en ne manquant le Pro Bowl qu’une seule fois (2016). Régulier, en bonne santé – il n’a manqué que deux rencontres, en 2021, en dix ans de carrière –, il s’est surtout affirmé comme un leader, un joueur capable de mener ses coéquipiers vers la victoire. Malgré les circonstances, il a toujours permis à Seattle de compter plus de victoires que de défaites (en exceptant 2021) : quelque chose que Denver recherche terriblement.

Ainsi, Wilson semble plus que jamais être la pièce manquante d’une franchise consciente de cette lacune et assez agressive sur le marché depuis plusieurs années. Chaque intersaison, Denver essaye par tous les moyens de trouver une solution. On peut notamment penser aux transferts montés pour Joe Flacco et plus récemment Teddy Bridgewater, en faisant abstraction de l’échec de résultats qui en découlera, mais aussi et surtout aux rumeurs de blockbuster trade qui ont précédé celui de Russell Wilson. De nombreux bruits de couloir faisaient par exemple écho d’un intérêt des Broncos pour Aaron Rodgers dès l’an dernier et d’une offre potentiellement historique cette année. Finalement, leur joyaux sera donc Russell Wilson, qui vient compléter un effectif déjà très complet.

L’effectif pour aller au bout ?

Si les habitués du Mile High Stadium peuvent être aussi dithyrambiques quant aux chances de leur franchise de viser le titre en 2022, c’est en grande partie parce que Russell Wilson ressemble à la touche finale d’un effectif où les trous ne font pas légion. Depuis plusieurs années, la franchise est qualifiée comme étant à un quarterback près d’être compétitive, et ce sentiment se vérifie en regardant le roster.

En attaque, Wilson sera très bien entouré grâce à une escouade de receveurs fournie (Jeudy, Sutton, Patrick), un jeune coureur performant (Williams) et, pour son plus grand bonheur, une ligne offensive plus solide qu’à Seattle bien qu’encore perfectible (165 pressions, 28 sacks concédés en 2021). De l’autre côté du ballon, les Broncos ont des joueurs de qualité (Simmons, Surtain Jr.) et, même si des retouches devront sûrement être faites avec les plus de 25 millions de $ de cap space dont ils disposent, Denver n’a jamais semblé aussi compétitif des deux côtés du ballon depuis son dernier titre. La défense n’est certes pas au niveau de celle de 2015, mais l’attaque en est bien supérieure et pourrait porter l’équipe – espérons le – jusqu’au sommet. Des promesses de grandeur à hauteur de l’ambition de la franchise et de son nouveau coach Nathaniel Hackett, qui semblent armés pour faire tomber les Chiefs et rivaliser avec les Chargers et les Broncos dans la terrible AFC Ouest.

Seattle vers une reconstruction inéluctable ?

Tout comme pour les Broncos, l’arrivée de Russell Wilson dans le Colorado marque un tournant dans l’histoire récente des Seahawks, mais avec des conséquences bien moins réjouissantes pour les pensionnaires du Lumen Field. Sans son quarterback star mais toujours avec le duo Pete Carroll/John Schneider aux manettes, Seattle semble en route pour connaître des heures nettement moins glorieuses que lors de la précédente décennie.

Un nouveau cycle

En prenant la décision de se séparer de Russell Wilson, les Seahawks ont définitivement fait table rase du passé pour ouvrir un nouveau chapitre de leur histoire. Avec le natif de Cincinnati, Seattle n’a manqué qu’une fois les playoffs et a toujours – si l’on excepte la saison 2021 – montré un niveau de jeu plus que convenable. Laisser partir un tel joueur sur le poste le plus important de ce sport marque forcément une volonté de rompre avec le passé, surtout que son départ, combiné à la coupe de Bobby Wagner, métronome de la défense, marque le départ du dernier joueur majeur ayant connules années Super Bowl, avec le titre face aux Broncos et la désillusion contre les Patriots.

Si cette décision peut faire parler, elle expose aux yeux de tous la volonté de reconstruction totale d’une franchise qui tentait de se réinventer secteur par secteur depuis quelques années. Anciennement moteur de cette équipe, la défense tombait en décrépitude depuis la perte de ses leaders historiques (Thomas, Sherman) et peinait à véritablement se renouveler. Du côté de l’attaque, si Russell Wilson faisait cache-misère grâce à de bons receveurs et à un Rashaad Penny enfin performant au sol cette saison, certains trous restaient béants, comme sur la ligne offensive, incapable de protéger Wilson depuis trop longtemps. Se séparer de son quarterback star est un choix radical, mais cela devrait permettre à Seattle d’enfin (tenter de) régler ses problèmes.

Quelles pièces centrales ?

Lorsqu’on entame une reconstruction, un tour d’horizon des forces en présence est nécessaire afin de savoir autour de quelles pièces poser les fondations. Et suite au départ de Russell Wilson, les certitudes ne font pas légion au sein de la franchise du Washington.

En attaque, le seul point d’ancrage semble être D.K. Metcalf. Véritable phénomène, le receveur a assurément le statut de n°1 et reste une sécurité pour son quarterback. Le problème pour Seattle, c’est que l’ancien d’Ole Miss se retrouve bien esseulé de ce côté du ballon. Chez les receveurs, son compère Taylor Lockett n’a plus à prouver ses qualités, mais les Seahawks seraient vraisemblablement tentés de l’échanger également. Sur les autres postes, le backfield offensif n’a été productif que grâce à Rashaad Penny, tandis que la ligne offensive ne compte que Duane Brown comme joueur sûr, bien que ce dernier sorte de l’une de ses pires campagnes depuis sa saison rookie. Problème : les deux se retrouvent agents-libres, et pourraient vouloir aller voir ailleurs. Parmi les joueurs sous contrat, en creusant un peu plus, les petites certitudes pourraient finalement être Chris Carson chez les coureurs et le nouveau venu Noah Fant, arrivé dans l’échange de Russell Wilson, chez les tight-ends, même si ces deux-là restent aujourd’hui loin du statut de star sur leurs positions.

En défense, le constat est sensiblement le même. Suite au départ de Bobby Wagner, le leader de cette escouade devrait être Jamal Adams, recruté à prix d’or en 2020. Pourtant, celui qui était alors l’un des meilleurs safeties de la ligue ne s’est toujours pas imposé à Seattle, et devra plus que jamais passer un cap dans un secteur où Quandre Diggs est agent-libre. Le niveau du reste de cette escouade reste moyen sur le papier, même si le jeune Jordyn Brooks a montré quelques promesses et que Shelby Harris, également arrivé de Denver, a tout pour devenir le leader de cette défense.

En bref, Seattle doit se reconstruire dans tous les secteurs et s’engage sur un long et sinueux chemin, avec toujours les mêmes figures en chef de file.

Pete Carroll/John Schneider, duo d’avenir ?

Si Russell Wilson a quitté le navire, Pete Carroll et le GM John Schneider sont toujours là pour tenir le gouvernail. Annoncé à demi-mot en conflit avec son quarterback en début de saison dernière, le coach vétéran a donc été préféré au leader de son attaque et devra désormais montrer qu’il est toujours capable de développer de jeunes talents, car il pourrait être le prochain fusible à sauter.

Pour reconstruire une franchise qui ressemble peu ou proue à un champ de ruines, les deux hommes auront finalement plus de matériel à disposition que prévu, conséquence directe du départ de Russell Wilson. En effet, son éviction a permis à Seattle de faire monter son cap space à près de 50 millions de $ (seuls les Colts d’Indianapolis disposent de plus d’argent cette année) et surtout de récupérer des tours de draft. Habitués à ne drafter que très peu et presque jamais au premier tour ces dernières années, les Seahawks étaient sans draft capital majeur depuis l’échange monté pour Jamal Adams qui les avaient dépourvus de leur premier tour en 2021 et 2022. L’échange avec Denver leur permet de récupérer quatre choix sur les deux premiers tours (dont un en 2022) à cheval sur 2022 et 2023 : de quoi injecter du talent dans un effectif qui en manque.

Argent, choix de draft et confiance – pour l’instant – de leur propriétaire, Pete Carroll et John Schneider ont les moyens de travailler activement durant l’intersaison pour préparer l’avenir. S’ils n’espéreront sûrement rien en 2022 avec Drew Lock sous le centre, lui qui fait le chemin inverse à Russell Wilson, les prochaines saisons seront cruciales, tout comme les choix effectués à la draft, notamment si le duo Carroll/Schneider mise sur un quarterback. Difficile de connaître la tolérance et le temps dont jouiront ces deux hommes pour reconstruire la franchise, mais une chose est sûre : il y a du travail et il faut s’y mettre le plus rapidement possible.

Denver nouveau candidat au titre et Seattle nouvellement en reconstruction totale, l’échange qui a envoyé Russell Wilson chez les Broncos a totalement changé le visage des franchises qui y sont impliquées. Destins croisés pour deux franchises qui pourraient être diamétralement opposées au classement en fin de saison, s’orientant dans deux directions contraires pour les prochaines années.

Crédit image en une : 247 Sports

Les mots "Minnesota Miracle" et "No-Call" sont rayés de mon vocabulaire. Mon cœur pleure la retraite de Drew Brees.

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