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Zidane au Real (1/2) : le joueur de légende

Zinedine Zidane, légende du Real Madrid comme joueur et seul entraineur de l'histoire à avoir enchainé trois Ligues de Champions consécutives a décidé de quitter son poste à Madrid. Retour sur le meilleur joueur des années 2000 et sa carrière au sein de la Maison blanche. Aujourd'hui, Zidane joueur. 

Il y a un mot pour ça au Real Madrid. Pour un joueur qui incarnerait les valeurs du club, de la tunique immaculée, de la noblesse qu’il y aurait à porter le blason du club de la capitale. Une attitude, torse bombé. Quelque chose qui fait la différence et qu’on sait distinguer un joueur de la Maison blanche d’un autre. Un presque rien qui aurait traversé l’histoire du club, distribué jalousement à quelques privilégiés. Di Stefano, Butraguaño, Hierro, Isco… Le madridismo.

Pour Zinédine Zidane, c’est comme s’il n’avait pas eu à la conquérir, qu’il l’avait toujours eu en lui. Arrivé en juillet 2001 d’un club où la tunique est aussi immaculée que la livrée d’un zèbre, pierre angulaire d’un projet galactique de Florentino Perez, Zidane n’a eu qu’à enfiler le maillot le plus prestigieux du monde pour s’en voir revêtir. Champion du Monde, champion d’Europe, double champion d’Italie et Ballon d’Or, le double Z arrive à Madrid avec pour seul objectif de remporter une Ligue des Champions qui le fuit autant que le ballon semble parfois coller à ses pieds. Les premiers mois sont difficiles, il a déjà connu ça en Italie. Nouveaux attaquants à régaler, nouveau système à équilibrer, il faudra l’intelligence de Del Bosque pour le mettre à gauche et lui offrir la liberté que son génie réclame.

crédits photo : Gentside Sport

« Te quiero Zidaaaaaaane ! Te quiero Zidane ! Viva la mama que te pario ! »

Le 5 janvier 2002 au Bernabeu, Figo plein axe donne à Zidane une balle un peu anodine lors d’une contre-attaque. Il y aurait eu un meilleur choix, Raul est à un mètre du premier défenseur, dans la boîte. Mais il la donne au Français, un peu en retrait, un peu à gauche. La suite c’est trois défenseurs mystifiés d’un toucher de balle en extérieur et semelle et un gardien qui se troue un peu, tout étonné que de cette position bizarre, encore plus excentré qu’au début de l’action, il parvienne à frapper fort du gauche.

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Dés lors, depuis de ce but, ce match complet réalisé par Zidane, le public ne lâchera plus le numéro 5. On savait ce qu’il incarnait, voilà qu’il l’illustre, qu’il l’offre. Cette vision globale du jeu qui accélère, qui oxygène ; cette élasticité hors du commun ; cet équilibre tactique et technique malgré son mètre 85 d’ordinaire peu enclin à ça chez d’autres joueurs ; ses manières de matador qui domine la bête et l’arène. Sa présence dans les grands matchs, la finale de Glasgow évidemment. Car pour les madridistes, la Ligue des Champions compte plus que tout, question d’héritage. Un objectif supérieur à tous les autres et contre le Bayer Leverkusen Zidane va rassasier l’ogre d’un neuvième encas aux grandes oreilles d’une hyperbole venue de Roberto Carlos transformée en linéaire imparable. Du gauche, encore.

Un but YouTube dont on se souvient aujourd’hui pour sa pureté, sa perfection technique, comme une ballerine s’élance, plus légère que sa paire de chaussons. Une grâce avec laquelle on nait. Une confiance en ses capacités presque folle, croire qu’on peut réaliser un geste qui défie tout dans l’événement footballistique le plus important de la saison en club. Une présomption d’esthète.

« La historia de un amor »

Dès lors, les supporters madrilènes n’en pourront plus d’amour pour celui qui sortira une saison suivante étincelante, élu meilleur joueur du monde FIFA 2003. Une constante dans l’excellence. L’exigence de tout, la haine de la défaite. La certitude de la grandeur d’une cause qui le dépasse. Une question d’orgueil aussi, entouré des meilleurs joueurs de la planète, pas question pour Zidane de faire de la figuration ou d’être bon. Il veut être le meilleur. Et quand il comprendra qu’il ne pourra plus l’être, il arrêtera. Pour ne pas faire la saison de trop, pour rester peut-être le joueur étranger le plus respecté depuis Di Stefano. Aujourd’hui encore, et en dehors de l’entraîneur qu’il est devenu et de la palanquée de trophées qu’il a réussi à engranger sur le banc, Zizou est un joueur idolâtré au Bernabeu. Parce qu’il incarne ce Madridismo fier, cette idée de la supériorité qu’une force supérieure aurait conféré à l’institution. Parce que quand la presse espagnole voulait l’envoyer à la retraite en 2006, espérant que son huitième de finale de Coupe du Monde contre la Roja serait le dernier, il s’est transformé en vieux guerrier sage devant lequel son jeune adversaire est obligé de se mettre à genoux, le suppliant de lui transmettre un secret qui n’existe pas.

JMP

Fan de foot mais aussi de Serie A, je prends autant de plaisir à voir jouer Gilles Simon qu'à attendre une arrivée au sprint entre les Alpes et les Pyrénées. Talking Heads et Panetonne.

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