L’été dernier, l’Équipe de France masculine de volley décrochée pour la 1ère fois de son histoire la médaille d’Or lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Une consécration pour une génération qui avait connu les échecs de Londres et Rio, et pour la dernière compétition sur le banc pour Laurent Tillie. Mené par leur star Earvin Ngapeth, les Bleus ont obtenu le sacre ultime de tout sportif. Retour sur le parcours qui les a menés au couronnement.

La France en Or, la 1ère pierre posée en 2012

L’histoire débute 9 ans en arrière, quand Laurent Tillie prend les rênes de l’équipe nationale pour succéder à Philippe Blain. Éliminée de la course aux JO de Londres lors d’un Tournoi Qualificatif à Sofia au cours d’un match d’une intensité incroyable et face à une forte équipe de Bulgarie (qui s’ inclinera pour la médaille de Bronze quelques semaines plus tard en Angleterre), la déception sera grande. Mais c’est dans les défaites que se construisent les grandes victoires. Pour son 1er entrainement à la tête de l’équipe, Laurent Tillie décide de les convoquer le jour…de l’ouverture des JO de Londres. Comme un message à faire passer et de vouloir dire que plus jamais les Jeux Olympiques ne se regarderont devant la TV… Un nouveau cycle peut alors débuter.

L’échec de Rio, une étape vers la consécration Olympique

C’est en Champion d’Europe en titre que l’Équipe de France se rend à Rio avec de grandes ambitions. Ayant dû passer par 2 tournois qualificatifs pour participer aux JO (défaite en finale du 1er TQO contre la Russie en janvier 2016, puis vainqueur du tournoi au Japon en mai 2016 qui donna le ticket pour Rio), les Français arrivent fatigués pour les Jeux et ratent leur entrée en matière contre les Italiens, avec une défaite 3/0 (il est important de préciser cette défaite car elle reste comme un traumatisme, qui sera encore au cœur de discussion à Tokyo). Puis 2 nouveaux échecs, contre les USA puis le Brésil au cours de matchs de haut niveau, mettent fin aux espoirs de 1/4. Ces 3 défaites (contre les 3 futurs médaillés de la compétition, le Brésil en Or, l’Italie en argent et les USA en bronze) font comprendre que les Jeux Olympiques restent une compétition à part, avec plus de sollicitations et de distractions. Même si l’échec fait mal, les Bleus ont appris et grandit.

Le TQO de Berlin, comme un nouveau départ

Après un euro 2019 frustrant avec une 4ème place en France et un TQO en Pologne en août 2020 raté, l’Équipe de France doit de nouveau passer par un TQO en Allemagne (Berlin) avec 8 équipes pour seulement 1 ticket. Parmi ces équipes, La Serbie (championne d’Europe), la Slovénie (vice-championne d’Europe), l’Allemagne et la Bulgarie entre autres, font partie des adversaires des Français. Après un 1er tour maîtrisé, les Français ont rendez-vous avec la Slovénie en 1/2. Mené 2 sets à 0 puis 10/6, l’Équipe de France renverse tout avec l’aide des remplaçants (Brizard, Louati, Patry) pour l’emporter 3/2. Passé tout proche de la sortie, les Français terminent le travail en finale contre les Allemands, pourtant devant leur public. Une qualification incroyable, mais surtout un 2nd souffle apporté par les remplaçants qui redonnent une nouvelle dynamique à tout un groupe. Les yeux sont maintenant tournés vers Tokyo !

La VNL comme préparation pour les JO

La préparation pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020 commence véritablement en ce juin 2021. Durant 3 semaines, l’Équipe de France participera à la VNL (Volleyball Nations League), une sorte de compétition annuelle où toutes les équipes s’affrontent (15 matchs au total) dans un championnat, avec les 4 meilleures équipes se qualifient pour un final four. Durant un mois, et dans une bulle sanitaire, Laurent Tillie va faire tourner son effectif et utiliser tous les joueurs à dispositions afin d’essayer toutes les formules possibles et surtout trouver l’équilibre. Les matchs s’enchaînent, la préparation physique suit son cours, et les tentatives se suivent. Earvin Ngapeth est utilisé par simonie, Kevin Tillie et Trevor Clévenot effectuent le travail, Antoine Brizard et Benjamin Toniutti alternent à la distribution, quand Jean Patry prend de plus en plus de place à la pointe de l’équipe. Avec une 4ème place après les 15 rencontres, les Français tombent sur des Brésiliens injouables en 1/2 (défaite 3/0) mais prennent le meilleur sur les Slovènes pour la 3ème place. Un tournoi riche d’enseignements pour Laurent Tillie.

Un 1er tour chaotique

Tombée dans la poule dans la mort comme en 2016, l’Équipe de France doit entamer son tournoi olympique avec une vieille connaissance, les USA, qui les avaient battus 5 ans auparavant. Et c’est aussi la pression de ne pas rater l’entrée dans ces Jeux Olympiques de Tokyo comme au Brésil. Et malheureusement, ce 1er match est un véritable calvaire. Tendus, stressés, les Français n’arrivent pas à se lâcher et font un non-match (défaite 3/0). Pour cette rencontre, Laurent Tillie avait décidé de titulariser son fils, Kevin ainsi que Benjamin Toniutti. Mais en grande difficulté, les 2 joueurs seront remplacés par Antoine Brizard et Trevor Clévenot, qui même s’ils ne changeront pas le cours du match, auront un impact sur le reste de la compétition des Bleus. Avec cette défaite, les démons de Rio refont surface, surtout qu’avec les adversaires présents dans la poule, le doute de ne pas passer le 1er tour est dans les têtes. Après une victoire sur la Tunisie, les Bleus se font battre à la surprise générale par l’Argentine (3/2), une bonne équipe, mais en-dessous des favoris sur le papier. Cette défaite met les Français dos au mur avec l’obligation dans un 1er temps de battre la Russie pour rester en vie dans les JO. Malgré la pression, l’Équipe de France réalise son match référence et fait tomber les Russes (3/1), pourtant invaincus jusqu’à présent. La donne est simple avant la dernière rencontre contre le Brésil, il faudra prendre 2 sets pour pouvoir assurer sa place en 1/4 et finir 4ème, ou bien une victoire permettrait d’accrocher la 3ème place et éviter la Pologne au prochain tour, annoncée comme le favori avec sa star, Wilfredo Leon. Au terme d’une rencontre indécise, et de haut niveau, l’Équipe de France arrache sa qualification malgré la défaite face aux Brésiliens 3/2. C’est un ouf de soulagement comparé à Rio, mais les regards sont déjà tournés vers l’ogre Polonais en 1/4 de finale. Mais on sent que les coéquipiers d’Earvin Ngapeth montent en régime, autant sur un plan collectif qu’individuel.

La Pologne comme un déclic vers l’Or Olympique

Place aux matchs couperets, avec les 1/4 de finale. Les Bleus doivent affronter les Polonais de Wilfredo Leon, meilleur joueur du monde, qui ne sont à Tokyo que pour l’Or. Ce n’est un secret pour personne, les 2 équipes ne s’apprécient guère. Les rencontres passées ont montré de la tension et de la friction, surtout entre Earvin Ngapeth et Michal Kubiak (quelle surprise). La rencontre est tendue, comme prévu. Les Polonais prennent le 1er set 25-21 en faisant la course en tête tout du long, mais les Français réagissent immédiatement 25-22. On pense les Polonais partis vers la demi en reprenant le contrôle du match au terme du 3ème set 25-21. Cependant le match bascule au début du 4ème set où les joueurs de Laurent Tillie prennent le dessus sur le terrain, dans les têtes et dans l’attitude. Les Polonais sont étouffés pour le reste du match ainsi que dans le tie-break 25-21 et 15-9 et coach Tillie se permet même de plonger sur la 1ère balle de match. L’Équipe de France est en 1/2 après avoir sorti le favori de la compétition. Mais dans le sport Français, battre le favori pour ne pas aller au bout est une chose que l’on a vu bien trop souvent…

Le champion Olympique 2012 au tapis, la France en Or !

Après avoir éliminé la Pologne, puis l’Argentine en 1/2 (victoire 3/0 tout en contrôle), les Bleus, pour atteindre l’Olympe, doivent faire tomber une seconde fois dans la compétition, la Russie, championne Olympique à Londres en 2012.  Ce match est étouffant, du début jusqu’à la fin. Emmené par Ngapeth et Clévenot, les Bleus arrachent à l’arrachée le 1er set 25-23 après avoir été mené 22-18. Nos Français, totalement libérés, se détachent pour mener 2/0 avec un 2nd set dominé 25-17. Mais les Russes ne sont pas en finale pour rien. Emmené par le meilleur pointu du monde, Maxim Mikhaylov, la Russie renverse la situation dans les 3ème et 4ème sets avec un niveau de jeu tout simplement parfait (25-21 / 25-21) et poursuit sur leur lancée pour mener 3-0 dans le set décisif. Mais cette équipe de France a été construite sur la difficulté et le mental. Et au terme d’une deuxième partie de tie-break irréprochable (15-12), atteint son graal pour la 1ère fois de son histoire, sur une dernière faute directe de Mikhaylov. Les joueurs de Laurent Tillie peuvent exploser, et rentrent dans l’histoire du sport Français. Earvin Ngapeth, après un début de tournoi sur l’alternative, est désigné MVP du tournoi. Mais le leader de l’Équipe de France doit aussi son titre de meilleur joueur à Laurent Tillie, Arnaud Josserand, Pascal Foussard, Jean Patry, Trévor Clévenot, Daryl Bultor, Kévin Tillie, Nicolas Le Goff, Antoine Brizard, Jenia Grebennikov, Yacine Louati, Barth Chinenyeze, Benjamin Toniutti et Stephen Boyer. Merci Messieurs !