Alcaraz peut-il refaire le coup ?
Carlos Alcaraz a remis le couvert. Après leur premier affrontement épique à l'US Open, le jeune Espagnol et Stefanos Tsitsipas ont recroisé le fer cette semaine, à Miami. Et le résultat fut le même : une victoire du joyau de l'ATP. Le pire dans tout cela? C'est que le natif d'El Pelmar donne l'impression de jouer comme un vieux briscard. Mais jusqu'où va-t-il aller?
Bluffant. Il n'y a pas d'autre mot. Alors qu'il affrontait le numéro 5 mondial, la tête de série numéro 3, Carlos Alcaraz n'a pas tremblé le moins du monde pour s'imposer, à “l'expérience” et en deux sets (7-5/6-3). Pourtant mené et breaké dans la première manche par un Tsitsipas sérieux et appliqué, comme depuis le début du tournoi, il s'est ressaisi pour tout renverser sur son passage. Il a alors enchaîné sept jeux consécutifs, prenant le service de son adversaire trois fois de suite, pour remporter la première manche 7-5 puis rapidement mener 2-0 dans la seconde. Plus jamais le Grec ne reviendra au contact, tombant une nouvelle fois face à celui qui pourrait rapidement devenir sa bête noire. L'intéressé a réagi après le match, lucide, comme à son habitude:« C’était un match très difficile, mais c’était incroyable de jouer devant cette foule. C’était assez incroyable d’obtenir autant de soutien. Avoir la possibilité de battre Stefanos devant une foule comme celle-là l’a rendu encore plus spectaculaire. C’était très amusant. Il a fallu beaucoup d’énergie pour revenir du premier set, tout ce que je peux dire, c’est que je me suis battu jusqu’à la dernière balle pour renverser le premier set.»
Chouchouté par le public, il a tenu à rendre hommage aux fans présents: « Je sais que ce n’était pas le terrain principal du tournoi, mais c’est quand même un grand stade. C’était plein de monde. Vraiment, ça a été incroyable, de concourir devant une tribune comme celle-ci, totalement incroyable. » Déjà grand dans sa façon de communiquer.
Toujours pas le moindre set concédé
S'il a été bousculé d'entrée face à Tsitsipas, Alcaraz est revenu dans le match progressivement, en réussissant finalement à empocher la première manche. Il n'a d'ailleurs toujours pas concédé le moindre set depuis l'entame du tournoi, que ce soit face à Tsitsipas donc, mais aussi Cilic et Fucsovics. C'était également le cas la semaine dernière à Indian Wells, où, mise à part sa défaite face à Rafael Nadal (dans des conditions dantesques), il s'est imposé 2-0 à chaque fois. Pourtant en face, la concurrence était rude: Norrie, Monfils ou Bautista-Augut pour ne citer qu'eux. Alcaraz n'a que 18 ans mais donne déjà l'impression de maîtriser son sujet comme un ancien. Et ce, peut importe la surface. Lui qui, comme bon nombre d'Espagnols, est plus adepte de la terre battue, prouve lors de cette tournée Américaine, que le dur lui réussit plutôt bien. Tout en prétendant que son tournoi préféré est.. Wimbledon, bien devant Roland Garros. Victorieux à Rio de Janeiro sur terre, seulement éliminé en cinq sets par Berettini à l'Australian Open au terme d'un match épique, il prouve sa maturité et sa force à toute épreuve.
Unanimement reconnu
Andy Roddick ne tarit d'ailleurs pas d'éloges à son égard : « Ce joueur bouge de façon incroyable. La plupart des gars avec d’énormes coups droits ont besoin d’être très bien ancrés au sol avec leurs deux pieds. Lui sait enclencher sa frappe dans n’importe quelle position presque comme André Agassi le faisait à l’époque. Quand on lui envoyait une « grosse balle », elle revenait tout aussi vite. En fait, je ne sais pas si nous avons déjà vu quelqu’un d’aussi jeune capable de gagner des matchs de ce niveau. Ce type est un animal ».
Gaël Monfils, balayé par le minot Espagnol en Californie, sait qu'il fait face à un joueur hors-pair :«Il a évidemment toute la vie devant lui, pour accomplir des choses exceptionnelles et c'est ce qu'il va faire. Mais il n'est pas le futur du tennis, il est déjà le présent». Mattéo Berettini, lui, a réussi à s'extirper du piège Alcaraz au début de saison en Australie, mais va dans le même sens que “la Monf”: «C'est incroyable ce qu'il fait. Moi, à son âge, je ne sais même pas si j'avais un point ATP. À chaque match, il prouve un peu plus son énorme potentiel.»
Un an à peine qu'il fait partie intégrante du circuit ATP, et déjà adoubé par la plupart du gratin mondial. Voilà juste pour resituer le bonhomme.
Objectif top 10… ou top 5?
Classé 16ème à l'ATP, que peut-il viser désormais? Un top 10? S'il continue ainsi, très peu de doute subsistent quant à sa présence d'ici la fin de la saison. Un top 5? Pourquoi pas, à condition de réaliser une grande saison, et d'aller chercher des points à Roland Garros par exemple, d'autant plus si Djokovic par exemple n'y participe pas. Sorti au 3ème tour en 2021, il a les moyens d'aller chercher mieux cette année. Le trypique Monte-Carlo – Madrid – Rome pourrait également lui rapporter gros. Une saison correcte sur herbe semble aussi nécessaire pour aller tutoyer les sommets dès cette année. Eliminé au deuxième tour de Wimbledon par Medvedev l'an dernier, il pourrait aller grapiller de gros points cet été, lors de son “tournoi fétiche”.
Suivre les traces de son idole
Rapidement étiqueté comme “nouveau Rafael Nadal”, Alcaraz tente tant bien que mal de faire abstraction de tout cela. «C'est mon idole depuis que je suis enfant…J'essaie donc de me concentrer sur moi, pas sur les médias sociaux, de jouer mon jeu, de jouer devant mon équipe, pour mon équipe, pour moi, pour ma famille. J'essaie de ne pas entendre la comparaison avec Rafa.» Malgré tout, il se nourrit de ces déclarations pour tenter de s'inspirer du Majorquin: «Grâce à Rafa, j'ai appris l'importance de jouer avec une grande énergie et de tout donner de la première à la dernière balle. Le défi d'essayer d'aller là où Rafa est allé est aussi une grande motivation pour moi, même si je sais que c'est presque impossible.»
S'il est évident qu'il sera compliqué d'atteindre le niveau qu'à eu (qu'à toujours?) Rafael Nadal durant toute sa carrière, Alcaraz a tout intérêt à s'inspirer de la force de caractère et du dévouement, du professionnalisme dont à fait preuve le taureau de Manacor depuis le début de sa carrière. Il est en tout cas parti pour. Bien encadré par Juan Carlos Ferrero, ancien numéro 1 mondial, il garde la tête sur les épaules.
Passé tout proche du Graal à Indian Wells la semaine passée, Carlos Alcaraz a une belle opportunité de faire au moins aussi bien à Miami. Opposé à Kecmanovic, il pourrait retrouver en demie finale Medvedev. Et pourquoi pas espérer mieux? A la vitesse où le jeune Espagnol franchi les échelons, ne jurons de rien trop vite, nous pourrions être surpris !
Crédit photo: sportal.it