Alors que sa pratique va grandissante en France et dans le monde, un débat franco-italien vient rebattre les cartes du petit monde de la balle au tambourin.
C’est l’histoire d’une rivalité. De celles qui font se lever les vieux de leur fauteuil d’osier, pleurer les enfants impatients et mettent au cœur une chaleur que l’on ne ressent guère qu’en présence de l’aimé.
La France et l’Italie, voisines transalpines, se disputent ancestralement. César et la Guerre des Gaules, Louis XII et le Royaume de Naples, Georges Clémenceau et Victor Emmanuel II, Benito Mussolini et la Savoie, Zinédine Zidane et Marco Materazzi, aujourd’hui Emmanuel Macron et Matteo Salvini, ce ne sont pas les occasions qui manquent aux sœurs ennemies de l’Eglise apostolique et romaine.
Pasta alle vongole et populisme
Et si les disciplines dans lesquelles Italiens et Français se disputent grandeur et majesté sont légion – gastronomie, architecture, musique, peinture, littérature, stylisme, populisme – il est une qui surpasse toutes les autres. Une affaire qui remettrait en cause les fondements mêmes de civilisations si glorieuses qu’elles ont accouché de Dante, Claude Monet ou de la pasta alle vongole. Une de ces traditions qui font que les cultures françaises et italiennes sont jalousées dans le monde entier.
De part et d’autre, on n’y compte plus les titres, les exploits, les faits d’armes, mais aussi les désillusions cruelles quand l’une ou l’autre nation vient à s’incliner contre l’équipe félonne. Mais il en va d’autre chose que du sport et de sa pratique. C’est une question d’honneur qui dépasse les hommes, les femmes, les équipes, les suiveurs.
Antique et noble art
Alors qu’il était communément admis que la balle au tambourin était la digne et incontestable descendante du jeu de paume et du jeu au ballon languedocien, il en est désormais côté italien pour vouloir faire remonter ce noble art à l’Antiquité et lui trouver des racines romaines.
S’il ne nous appartient pas de trancher un débat historique de cette ampleur, il est important de noter que les travaux de Michel Sabatéry mettent en évidence que les premiers écrits faisant référence à la balle au tambourin dans sa forme moderne ou pré-moderne remontent à 1864 et apparaissent dans l’Hérault. L'hypothèse, retenue par les Italiens, d'une évolution de la sphaerista, n'est étayée par aucune preuve matérielle.
Il n’est cependant pas contestable que, de leur côté, nos meilleurs ennemis italiens ont inventé les règles modernes du jeu que l’on connait aujourd’hui et qui ont permis son essor.