Durant ce mois d’août, la rédaction de WeSport vous propose un coup de projecteur sur des clubs historiques du rugby français à la recherche de leur gloire passée. Aujourd’hui, focus sur Bourgoin. 

Samedi 7 mai 2011, après 22 ans d’affilée dans l’élite, le CS Bourgoin-Jallieu, déjà officiellement relégué en Pro D2, dispute son dernier match en Top 14 au stade Pierre-Rajon. Une dernière défaite contre le Biarritz Olympique (18-22) qui vient ponctuer une saison catastrophique pour les ciel et grenat (2 victoires en 26 matchs). De plus, le club berjallien est également en proie à des difficultés financières qui lui seront fatales deux ans plus tard avec une rétrogradation en Fédérale 1. Retour sur l’histoire d’un club formateur qui a fait trembler les cadors du rugby français dans la fin des années 90.

Un club habitué à faire l'ascenseur

Avant de jouer les premiers rôles, Bourgoin a surtout connu les montées et relégations dans l’élite. En 1965, le club isérois accède pour la première fois de son histoire en première division. Ce succès revient en grande partie au troisième ligne, André Pages qui occupe également la fonction d’entraîneur. Une première expérience dans l’élite qui tourne court. En effet, 3 années après sa montée en 1965, le CSBJ descend en deuxième division. 

Le club berjallien rebondit vite sous la houlette d’un nouvel entraîneur-joueur, Serge Dunet. Avec le natif d’Oissel, Bourgoin obtient par deux fois son billet dans l’élite (1971,1973). Deux montées suivies de deux nouvelles relégations en 1972 et en 1979. Il faudra attendre 1984 pour que le club s'ancre définitivement dans l’élite. Dans cette équipe, on retrouve notamment Marc Cécillon qui deviendra par la suite international français.

Toujours placé, jamais gagnant

Pour son retour dans le groupe A, Bourgoin réalise une prouesse en se qualifiant pour les 8ème de finale en éliminant Tarbes pourtant quart de finaliste, l’année passée. Mais Nice met fin à cette belle aventure. Peu à peu, le CSBJ se construit. Néanmoins, il ne parvient pas à sortir des phases de poules à l’exception de la saison 1986-1987 où le club berjallien butte sur le Racing Club de France.

Les Isérois enregistrent tout de même des victoires de prestige à Pierre-Rajon. Le Stade Toulousain notamment, viendra par deux fois se casser les dents dans l’entre du CS Bourgoin-Jallieu. Autre fait d’armes à l’actif du club isérois, une demi-finale de Challenge Yves du Manoir perdu contre le BO d’un certain Serge Blanco en 1989.

L’âge d'or de Bourgoin 

Le CSBJ en pleine construction va connaître une phase ascendante avec l’arrivée de l’entraîneur, Michel Couturas en 1993. Très vite, les Berjalliens enregistrent un recrutement qualitatif. Parmi les joueurs arrivés au club, on retiendra celle du demi de mêlée revanchard, Dominique Mazille ou encore le retour de l’international Alexandre Chazalet. Ces deux joueurs viennent renforcer l’équipe iséroise qui dispose déjà de solides éléments comme Michel Malafosse mais surtout David Morgan. Quart de finaliste en 1994, le club échoue en demi-finale contre Toulouse, l'année suivante. Un match qui reste toujours en travers des supporters de Bourgoin. La faute à une polémique arbitrale liée à l’essai de la victoire inscrit par Émile Ntamack dans les derniers instants de la rencontre.

Une fois effacé ce douloureux échec, Bourgoin va rebondir d’une bien belle façon en 1997. En effet, cette année-là, la force collective berjallienne déjoue tous les pronostics. Le CSBJ réussit une saison historique avec 3 finales (championnat de France, Coupe de France, Conférence européenne).  

26 janvier 1997, le CS Bourgoin-Jallieu fait face au Castres Olympique pour le compte de la première finale de la Conférence européenne (ex-challenge européen). Devant 10 000 personnes à Béziers, l’équipe d’Alexandre Péclier remporte le plus beau titre de son histoire aux dépens des Tarnais. Néanmoins, les rêves d’un triplé historique s’envoleront avec une défaite contre Pau en Coupe de France et un autre revers contre sa bête noire, le Stade Toulousain en finale de Championnat de France.

https://www.youtube.com/watch?v=MQUSr2_AZmg&ab_channel=Sportr%C3%A9tro90-2000

L'arbre qui cache la forêt

A l’aube des années 2000, Bourgoin est devenu un sérieux outsider au bouclier de Brennus. Fort de son centre de formation de qualité illustré par l'ascension du pilier Olivier Milloud, le demi de mêlée Morgan Parra ou encore de Sébastien Chabal. Le club berjallien parvient à se montrer intraitable au Stade Pierre-Rajon. En effet, Bourgoin réalise une série de 46 matchs consécutifs à domicile sans défaite. Ainsi, le club isérois se qualifie par deux fois sans succès en demi-finale de Top 14 en 2004 et 2005. 

Si sur le plan sportif, tous les voyants sont au vert, en coulisse, l’inquiétude règne sur la situation financière du club. Le 20 avril 2009, le Midi-Olympique annonce que la direction du club isérois doit fournir près de 2 millions d’euros pour éviter la rétrogradation administrative du CSBJ en Pro D2. Une dette que n’a pas pu rembourser l’ancienne direction incarnée par Pierre Martinet. Grâce à un fort engagement des politiques locaux, le CS Bourgoin-Jallieu rassemble cette somme et se sauve in extremis.

La chute de Bourgoin 

Vient alors cette fameuse saison 2010-2011. Bourgoin n’arrive plus à réaliser avec les autres formations de Top 14. Avec 24 défaites en 26 matchs, le club berjallien termine à la dernière place et quitte l’élite après 27 saisons consécutives. Côté finances, la situation n’est guère meilleure. Le CSBJ se fait retirer 5 points par la LNR pour raison financière. 

Cette descente accentue aussi les problèmes financiers du club. Le couperet tombe une saison plus tard. Avec un déficit budgétaire de 1,3 million d’euros, la DNACG rétrograde le club en Fédérale 1. Cette fois-ci, les pouvoirs politiques n’arrivent pas à faire infléchir cette décision. Malgré les différents recours déposés à la Fédération Française de Rugby, du CNOSF ou encore du tribunal administratif, Bourgoin est relégué en 3ème division. Conséquence : la nouvelle direction dissout la section professionnelle afin d’éviter que le CSBJ ne soit liquidée. 

Des vieux démons qui ressurgissent

Débute ainsi une belle aventure d'une bande de copains. Plusieurs joueurs décident de rester au club pour relancer le CSBJ. Parmi eux, on retrouve le centre Fabien Perrin ou encore le talonneur Mohamed Kribache. Sous la houlette de Laurent Mignot, Bourgoin renaît.

En effet, le club obtient son ticket pour la Pro D2 en battant un autre ancien pensionnaire de l’élite, Montauban en demi-finale de Fédérale 1. Ainsi, le club relance sa section professionnelle à l’été suivant cette montée, signe d’une santé financière retrouvée. Les Berjalliens parviennent à se stabiliser en Pro D2. 8ème en 2014-2015, 13ème l’année suivante puis 9ème en 2016. Tout semble aller pour le mieux à Bourgoin mais les vieux démons ne sont jamais bien loin.

En mai 2016, le club doit encore batailler dans les instances pour sa survie en Pro D2. La DNACG s'est une nouvelle fois prononcé pour la rétrogradation du club en Fédérale 1. Les ciel et grenat réussissent cette fois encore à se sauver. Mais cette intersaison agitée va laisser des traces.

En effet, le CSBJ connaît une saison 2016-2017 Pro D2 très compliquée au niveau sportif. Avec seulement 4 victoires, Bourgoin termine dernier et se retrouve donc relégué en fédérale. Le 16 mai 2017, le tribunal de commerce de Vienne prononce la liquidation judiciaire du club. Un épilogue à une décennie de bataille à la fois sportive et économique afin de continuer à exister dans un rugby français ou les moyens financiers deviennent désormais cruciaux.

Quel avenir pour Bourgoin ?

5 années se sont passées à Bourgoin entre la descente en fédérale 1 et aujourd’hui. Un nouveau projet vient d’être impulsé sous la direction de l’ancien international français, Pascal Papé. Avec une santé financière retrouvée grâce à la présidence de Henri-Guillaume Gueydan, le CSBJ vise à terme une remontée en Pro D2. Charge donc au staff dirigé par l'ex-toulonnais, Sébastien Tillous-Borde de récompenser la ferveur des supporters berjalliens toujours fidèles au Stade Pierre-Rajon malgré les péripéties du club isérois.