La saison des classiques de printemps bat son plein. Après les flandriennes, ce sont les classiques ardennaises qui se présentent aux coureurs avec comme point d’orgue, Liège-Bastogne-Liège. Julian Alaphilippe a fait de cette course un de ses objectifs, mais peut-il lever les bras à Liège ?

Un monument taillé pour les puncheurs

Liège-Bastogne-Liège est considérée comme le monument des puncheurs, avec un parcours très accidenté et surtout des côtes mythiques, comme la côte de la Redoute. Cette année, la rampe de lancement des attaquants sera probablement la côte de la Roche-aux-Faucons. Située à un peu plus de 13 km de l’arrivée, cette côte est particulièrement difficile : 1,3 km à 11,3% de moyenne. Déjà l’année dernière, cette côte avait permis à un petit groupe royal d’aller se disputer la victoire.

Le final rocambolesque de l’édition 2020 est encore dans toutes les têtes. Alaphilippe voudra forcément prendre sa revanche sur une classique qui paradoxalement, ne lui réussit pas : 4e en 2018, seulement 16e en 2019, et donc 5e en 2020 après son déclassement. Et forcément, le maillot arc-en-ciel rajouterait un goût particulier à une potentielle victoire. Quel meilleur scénario que d’aller ajouter cette course à son palmarès déjà bien fourni avec le plus beau des maillots ?

Des favoris en forme

Le Français aura fort à faire car la concurrence sera rude. La plupart des favoris des classiques ardennaises a choisi le difficile Tour du Pays basque, qui pourrait être une meilleure préparation que les flandriennes. Le vainqueur sortant de la doyenne Primož Roglič sera évidemment très attendu. Sa victoire sur le classement général au Pays basque lui a permis d’effacer la déconvenue de Paris-Nice. Tadej Pogačar, qui crève l’écran depuis le début de saison, a montré ses qualités dans le type d’efforts de la doyenne avec sa victoire lors de la 3e étape.

Dernier membre du quatuor échappé l’année dernière, le Suisse Marc Hirschi, ne donne pas les mêmes garanties. Il compte seulement treize jours de course, avec le Tour de Catalogne et le Tour du Pays basque, et il ne s’est pas particulièrement illustré sur ces deux courses. Dans les outsiders, on peut citer Michael Woods (Israël Start-Up Nation), Jakob Fugslang (Astana) ou encore le Français Benoît Cosnefroy (AG2R-Citroën), 2e de la Flèche wallonne l’année dernière. Pour ce dernier, son état de forme reste en suspens à cause d’une blessure au genou qui l’a gêné en ce début de saison. Néanmoins, il a pu se rassurer avec une belle 8e place aujourd’hui sur la Flèche brabançonne.

Notons que deux autres membres du « trio magique » de cette saison, Wout Van Aert et Mathieu van der Poel, ne seront pas présents à Liège. Van Aert va terminer sa campagne des classiques dimanche sur l’Amstel Gold Race, après avoir pris aujourd’hui la 2e place la Flèche brabançonne. Quant à van der Poel, sa première partie de saison est terminée. Il va maintenant se préparer en VTT pour les Jeux olympiques ainsi que pour le Tour de France. Ce sont forcément deux potentiels candidats à la victoire qui ne seront pas présents, bien que la densité du plateau soit tout aussi importante même sans eux.

julian alaphilippe
Julian Alaphilippe lors de sa victoire sur la 2e étape de Tirreno – Adriatico. © Getty Images

Le statut de favori lui convient

Si le début de saison du champion du monde est globalement réussi, avec notamment la victoire sur la 2e étape de Tirreno-Adriatico, Julian Alaphilippe n’a pas été aussi incisif que l’on aurait pu penser sur les flandriennes. 22e sur À travers la Flandre et 42e sur le Tour des Flandres (bien qu’il ait largement été acteur de la course), cela pose évidemment des questions sur sa condition et sa capacité à aller gagner. Ces interrogations pourraient être balayées dès dimanche vu qu’il prendra le départ de l’Amstel Gold Race. Il fera d’ailleurs les trois classiques ardennaises, car il participera aussi quelques jours plus tard à la Flèche wallonne. De quoi monter en puissance avant Liège.

Cependant, nous le savons depuis quelques temps, il n’y a pas plus redoutable qu’Alaphilippe qui a coché une course. Les exemples ne manquent pas : 2e étape du Tour de France 2020, et surtout championnats du monde d’Imola. A chaque fois que le coureur de Deceuninck-Quick Step avait la pancarte de favori, il a très rarement déçu. Liège-Bastogne-Liège étant un objectif majeur de sa saison, il y a fort à parier qu’il assume ce statut.

Pour répondre à la question du titre : oui, Julian Alaphilippe peut gagner Liège-Bastogne-Liège, mais ce sera évidemment loin d’être simple. En cas de victoire, il deviendrait le cinquième coureur de l’histoire à remporter la doyenne des classiques avec le maillot arc-en-ciel sur le dos. Rendez-vous le 25 avril pour être fixés.

Crédit photo en une : Getty Images