Depuis l’annonce de l’expansion de la NHL en 2016 vers Las Vegas, ce sont tous les sports majeurs aux États-Unis qui étudient de plus en plus précisément l’option d’installer une franchise dans le Nevada. Des Golden Knights, précurseurs, au supposé déménagement des Athletics, en passant par la possible expansion de la NBA, zoom sur un marché plus qu’attirant pour le sport américain.
L’exemple Golden Knights
Si la frénésie autour des expansions et autres déménagements à Las Vegas est aujourd’hui bien réelle, on en était assez encore loin il y a seulement cinq ans. Si Sin City est un marché intriguant et mystérieux dont beaucoup de ligues rêvent à demi-mots, aucune n’a alors encore sauté le pas en plaçant une franchise dans le Nevada. NBA, NFL, MLB (ligues majeures), MLS, et même WNBA ou encore NWSL (National Women’s Soccer League), aucune ne semble proche d’installer une équipe à Las Vegas. Aucune, sauf la NHL. En plein projet d’expansion, la National Hockey League explore ses options, et la décision est prise le 23 juin 2016 d’accorder la trente-et-unième franchise de la ligue à Las Vegas. Un choix qui fera date, et qui ouvrira la voie aux autres ligues tant ce pari fut réussi.
Sur de nombreux aspects, l’arrivée des Vegas Golden Knights, nom de la néo-franchise de hockey de Las Vegas, peut aujourd’hui, cinq ans après, être considérée comme un choix qui a porté ses fruits. Sportivement, la franchise s’est déjà affirmée comme une tête d’affiche de la ligue. En quatre saisons, les Golden Knights comptent une participation à la Stanley Cup – et ce dès leur première saison – ainsi que deux titres de division pacifique et quatre participations aux playoffs. Difficile de faire meilleure entrée en matière. D’un point de vue marketing, la franchise est également plutôt gagnante. Outre l’image de franchise qui gagne qu’elle a développé, elle a su prouver qu’un vrai public existait à Las Vegas, avec une magnifique salle, la T-Mobile Arena, qui fait régulièrement le plein. Pour preuve, lors de l’exercice 2019/2020, le dernier avant l’arrivée de la Covid-19, les Golden Knights affichaient une moyenne de 18 310 spectateurs par match, dans une arène comptant un peu plus de 18 000 places.
Ainsi, le « modèle Golden Knights », si l’on peut le qualifier ainsi, a démontré la fiabilité et la potentielle manne financière qu’était l’implantation d’une franchise à Las Vegas. Un constat rapidement fait par d’autres ligues et surtout par d’autres propriétaires de franchises, qui n’hésitèrent pas à déménager vers Sin City.
La MLS dans la même veine ?
Cinq ans après la NHL, une nouvelle ligue sportive américaine s’apprête à sauter le pas en accordant une franchise à Las Vegas via une expansion : la Major League Soccer. En plein développement depuis sa création en 1996, la ligue grandit à vitesse grand V et devrait voir son nombre de franchises tripler entre sa création et la moitié de l’actuelle décennie. De 10 il y a vingt-cinq ans, la MLS est passée à vingt-sept équipes cette année, puis arrivera à 29 dans deux ans et à 30 dans le futur. Si les 28e (Charlotte) et 29e (St. Louis) franchises sont déjà connues, la localisation de la trentième est encore floue mais Las Vegas s’impose peu à peu comme le plus sérieux candidat. Grande métropole urbaine, la 29e plus grande du pays, mais plus petit marché que Phoenix ou Sacramento, autres villes qui reviennent souvent dans la discussion, Sin City a aujourd’hui pour elle une réputation de ville sportive*, grâce à l’exemple des Golden Knights mais aussi à d’autres équipes, notamment liées par le passé à la Californie. De quoi rassurer et intéresser la MLS, dont le commissaire Don Garber a récemment déclaré être « excité par le marché, comme le sont toutes les autres ligues en Amérique du Nord ». Une belle preuve que la réussite sportive de Las Vegas est aujourd’hui une réalité qui attire l’œil et les candidats à une relocalisation.
* À noter que Las Vegas possède déjà une équipe de soccer, le Las Vegas Lights FC, qui évolue aujourd'hui en deuxième division.
La Californie à ses pieds
Les Raiders à l’abordage…
La vague d’intérêt suscitée par Las Vegas possède un cas plus que symbolique : le déménagement des Raiders. Franchise NFL basée à Oakland avant ledit déménagement, son départ vers le Nevada est symptomatique du mal-être des franchises d’Oakland, mais aussi de l’attractivité certaine de Las Vegas. Mal-être, pourquoi ? Historiquement dans la Baie depuis 1960, malgré un premier déménagement à Los Angeles entre 1982 et 1994, les Raiders doivent leur départ en grande partie à cause d’une discorde avec la ville sur la construction d’un nouveau stade. Refusant de payer pour offrir une nouvelle enceinte à sa franchise de football américain, la mairie d’Oakland a ouvert une première fois la porte à un départ d’une de ses franchises historiques, et a par conséquent fait de Las Vegas un candidat idéal.
Candidat idéal, pour quelles raisons ? Si les Raiders ont d’abord étudié la possibilité de déménager une seconde fois à Los Angeles, Sin City est très vite devenue la meilleure et la seule option. Alors qu’Oakland refusait d’utiliser l’argent public pour financer un nouveau stade, Las Vegas n’a en revanche eu aucun scrupule. La proposition ? 750 millions de dollars venus de fonds public, afin de payer ce qui s’annonçait comme un bijou, l’Allegiant Stadium. Une offre impossible à refuser pour la franchise, pressée par la NFL pour trouver une solution à ses problèmes de stade et face à un projet trop solide pour être refusé.
Problème de stade, argent à foison mais aussi tradition sportive naissante, avec de plus en plus d’équipes dans la ville et des résultats plus que prometteurs pour ces dernières, voici le cocktail qui a séduit les Raiders pour faire de la franchise NFL l’une des premières à déménager vers Las Vegas. Un scénario qui risque d’ailleurs de se répéter pour un ancien voisin venu également d’Oakland.
… et les Athletics par défaut ?
Cinq ans après le début de l’imbroglio autour du nouveau stade des Raiders refusé par la ville d’Oakland, qui a donc mené au déménagement de ces derniers en 2020, une nouvelle équipe résidente de la Baie de San Francisco pourrait s’en aller très prochainement. En effet, une problématique similaire se pose pour les Oakland Athletics, franchise de MLB, à qui la construction d’un nouveau stade a été refusé par sa ville et qui est donc en passe de changer de ville et d’état. Et là encore, la solution miracle s’appellerait vraisemblablement Las Vegas.
Si rien n’est encore acté et que les A’s négocient toujours avec Oakland dans l’espoir de trouver un accord, la piste du déménagement a été officiellement activée cette année et les choses se précisent doucement. Déjà liée à Las Vegas par les Las Vegas Aviators, franchise de Triple-A (ligue mineure) affilée aux Athletics, la franchise se rapproche d’un départ vers Sin City grâce justement aux Aviators. En effet, la franchise de ligue mineure a récemment offert un terrain dans la banlieue de Summerlin, dans la vallée de Las Vegas, pour y construire un nouveau stade. Une offre qui concorde avec les différents voyages effectués dans la zone par les A’s au cours de l’année, et qui met un peu plus la pression sur Oakland pour prendre une décision définitive quant à la construction d’un nouveau ballpark.
Pour Oakland, ce départ serait un énième coup dur pour l’image sportive de la ville. Après avoir perdu les Raiders (NFL), eux aussi résidents du Memorial Colliseum en Californie, mais aussi les Warriors (NBA), passés de l’Oracle Arena locale au nouveau Chase Center de San Francisco, voir Oakland s’en aller serait un gros coup d’arrêt pour une ville avec un héritage sportif important. Pour Las Vegas en revanche, ce serait une nouvelle grosse prise, qui montrerait une encore une fois la puissance sportive de la ville, développée depuis maintenant plusieurs années. La balle est désormais plus ou moins dans le camp des A’s, dont le déménagement ne pourrait être qu’une nouvelle partie de l’effet boule de neige provoqué par l’arrivée des Golden Knights en 2016.
La possibilité NBA
Aujourd’hui, Las Vegas possède des franchises dans de nombreuses ligues importantes américaines. Avec des équipes en NHL (Golden Knights), en NFL (Raiders) mais aussi en WNBA (Aces) et peut-être bientôt en MLS (expansion) et MLB (Athletics), le paysage sportif nord-américain y est presque entièrement représenté. Presque, car la NBA ne s’est pas encore attaqué à ce marché. Pourtant, tout cela pourrait prochainement changer. En effet, Sin City ne cache aujourd’hui plus sa volonté d’accueillir une franchise NBA si la ligue venait à envisager sérieusement l’idée d’un passage à plus de trente franchises. Et des arguments, la ville du Nevada en a à foison.
Tout d’abord, Las Vegas et la NBA possèdent actuellement des liens assez forts et assez évidents. Si aucune équipe n’y est domiciliée, la ligue s’y installe une fois par an, pendant l’été, afin d’y disputer la Summer League. Ainsi, Adam Silver et consorts ont déjà connaissance de l’intérêt qui règne dans la ville pour le basketball, même si la compétition draine forcément moins de fans que lors de rencontres de saison régulière à cause de l’absence de stars, mais aussi de l’organisation logistique et du comportement des locaux envers la NBA. Par ailleurs, la National Basketball Association a déjà un exemple probant de réussite du basketball à Las Vegas avec le cas des Aces, franchise de WNBA. Installée à Sin City depuis début 2018 et le rachat des San Antonio Stars par le groupe MGM Resort, la franchise y a connu des débuts plus que réussis. En quatre ans, les Aces se sont affirmés comme une des meilleures équipes de la ligue grâce à de bons résultats sportifs (une participation aux Finals, deux fois meilleur bilan de sa conférence), mais a aussi su trouver son public, la franchise s’étant créée une importante fanbase.
D’un point de vue des infrastructures, la NBA n’aurait également aucun soucis à se faire. Récemment, la ville a confirmé le projet de construction d’une nouvelle salle, la All Net Arena, qui devrait a minima accueillir les matchs des Aces en plus d’autres évènements culturels. Financé en partie par le groupe privé Comcast, cet écrin flambant neuf coûtera quatre millions de dollars et pourra accueillir 23 000 spectateurs. Un argument plus que solide pour devenir l’antre d’une franchise NBA, et cela la ligue le sait très bien. Il y a deux mois, Adam Silver, commissaire de la ligue, avait d’ailleurs déclaré que Las Vegas ferait partie des candidats quand la ligue déciderait d’ajouter une franchise, ce qui n’est toutefois pas encore d’actualité. « Silver a dit que la NBA n’allait pas s’agrandir dès maintenant, mais a aussi dit que Las Vegas serait dans la course pour avoir une franchise lorsque le moment viendra » rapportait Mike Akers du Las Vegas Review-Journal à ce sujet. Encore une preuve que Las Vegas plaît et est véritablement devenu un marché attractif pour le sport américain, faisant de la ville un lieu à presque inévitablement investir pour les grandes ligues majeures.
En un peu plus d’une demi-décennie, Las Vegas s’est grandement implanté dans le paysage sportif américain, au point aujourd’hui d’en être un incontournable. Chaque sport s’y tourne peu à peu et les choses ne devraient pas changer dans les années à venir, avec toujours plus d’officialisations, de possibilités et de rumeurs. Le rapprochement était inéluctable, et cela semble loin de pouvoir s’endiguer.
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