L’analyse tactique de Mayence – Leipzig
Toujours seul grand championnat européen à avoir retrouvé le chemin des terrains, la Bundesliga a vu sa 27e journée rythmée par une nette victoire 0-5 de Leipzig à Mayence. Analyse tactique d’une rencontre outrageusement dominée par les hommes de Julian Nagelsmann.
Leipzig s’est parfaitement repris. Après avoir concédé le match nul face à Fribourg le week-end dernier, le RBL s’est imposé sans soucis à Mayence. Avant la rencontre, Achim Beierlorzer opte pour un 3-4-1-2 pour les locaux. Son homologue Julian Nagelsmann aligne lui un 4-4-2 qui mute à de nombreuses reprises en un 4-2-2-2.
Leipzig, maître des espaces…
Comme le résultat final le laisse imaginer, Leipzig prend rapidement le dessus sur son adversaire du jour. Dès les premières minutes, les visiteurs impressionnent par leur facilité à trouver des espaces lors de la circulation du ballon. Une faculté qui découle d’une mobilité incessante, notamment illustrée par Timo Werner (cercle noir). L’attaquant allemand n’hésite pas à décrocher de son poste initial pour proposer une solution dans un espace libre, jusqu’à appeler le ballon pour faciliter une relance au sol de son gardien de but Péter Gulacsi.
A l’origine alignés sur les côtés d’un 4-4-2, Christopher Nkunku (cercle blanc) et Dani Olmo (cercle orange) dézonent eux aussi très régulièrement. Si leurs déplacements s’effectuent très souvent dans le dernier tier du terrain, ils s’étalent cependant sur toute la largeur. Il n’est alors pas rare de voir les deux joueurs à distance de passe, à l’image de cette action.
Le Français et l’Espagnol quittent très souvent l’aile pour venir dans l’axe du terrain. Assez discret dans le premier acte, Dani Olmo se montre nettement plus intéressant en seconde période lorsqu’il multiplie les appels de balle dans le demi-espace droit, se rapprochant alors du cœur du jeu en étant sur son pied gauche.
Sur les côtés du terrain, les latéraux Marcel Halstenberg et Konrad Laimer (remplacé par Nordi Mukiele peu avant la mi-temps) sont positionnés très haut, laissant ainsi de l’espace à Kevin Kampl et Marcel Sabitzer (cercle jaune) dans l’entrejeu en étirant au maximum le bloc de Mayence. Un choix qui s’avère payant dès la 11e minute, moment où Konrad Laimer (cercle bleu) est trouvé avant de faire la différence sur l’aile droite puis de servir Timo Werner face au but.
De manière générale, les joueurs de Leipzig instaurent une grande intensité dans les déplacements lors des phases de possession. Le porteur de balle a bien souvent plusieurs solutions de passe à sa disposition, comme ici Marcel Sabitzer à vingt-cinq mètres du but adverse.
Outre leurs mouvements, les joueurs de Leipzig font également les bons choix de transmission. Une intelligence collective de jeu couplée à une aisance technique permettent aux visiteurs de conserver facilement le ballon grâce à des passes courtes. En témoignent plusieurs combinaisons et jeux en triangle très bien rodés, comme sur cette séquence ou lors du second but de Timo Werner.
…et du pressing intelligent
Sans ballon, l’occupation du terrain a également été la clé de la domination de Leipzig. Si elle a par certains moments laissé son adversaire s’approcher de la ligne médiane, l’équipe du groupe Red Bull a souvent opéré un contre-pressing intense dès la perte du ballon, s’installant presque perpétuellement dans le camp de Mayence.
Au-delà de leur présence massive dans la moitié de terrain adverse, Dayot Upamecano et ses coéquipiers font preuve d’une grande intelligence dans leur attitude défensive. Au travers d’un marquage serré et d’un positionnement entre l’adversaire et le ballon, ils coupent les lignes de passe et rendent très compliqué la transmission du ballon pour les Nullfunfer.
Le 3e but inscrit par Leipzig résume les différentes caractéristiques présentées plus haut. A l’issue d’une récupération dans le camp adverse, Marcel Sabitzer et Yussuf Poulsen font tour à tour preuve d’une grande justesse dans le timing et sur le plan technique.
Cependant, et malgré une dernière réalisation à un quart d’heure du terme, les hommes de Julian Nagelsmann lèvent le pied dans les trente dernières minutes. Avec quatre buts d’avance et cinq changements effectués, Leipzig laisse des espaces sur les côtés, comme sur cette phase de jeu, et donne à Mayence plusieurs opportunités d’incursions dans la surface de réparation.
Une équipe de Mayence désorganisée
La performance des joueurs saxons est tout de même facilitée par des Mayençais impuissants. Le côté gauche de la défense est notamment la cible de nombreuses offensives, dont deux qui mènent à des buts.
En possession du ballon, Mayence est littéralement acculée dans son camp et peine à atteindre le dernier tier adverse balle au pied. La carte du positionnement moyen de l’équipe révèle cette incapacité à se projeter vers l’avant.
De plus, les lignes des hommes de Achim Beierlorzer sont bien souvent trop éloignées les unes des autres pour exploiter les quelques espaces laissés libres par Leipzig. Face à l’incapacité de développer des offensives par du jeu court, Mayence envoie plusieurs longs ballons à destination de ses attaquants. Une initiative à l’efficacité quasi nulle face à Lukas Klostermann et la puissance athlétique de Dayot Upamecano.
Leipzig signe donc une victoire très convaincante sur tous les aspects du jeu et se repositionne dans la course au podium. Mayence, pire défense de la Bundesliga, devra de son côté trouver les solutions pour ne pas voir le spectre de la relégation s’approcher dangereusement.
Crédits Une : Kai Pfaffenbach
Crédits images de jeu : BT Sport