Construit pour accueillir la Coupe du monde 1998, le stade de France fête ses 20 ans cette année. Pour l’occasion, WeSportFR vous propose de revivre 20 matchs qui ont marqué l’histoire de cette enceinte mythique.
Le 13 novembre 2015, la France recevait l’Allemagne dans le cadre d’un match amical. Malgré la victoire 2-0 des Bleus, l’heure n’était pas à la fête dans la capitale tricolore. Lors de la rencontre, le Stade de France a été la cible de plusieurs attaques de kamikazes.
« Un bruit assourdissant a fait trembler nos sièges »
Pendant la première période, deux détonations se sont fait entendre dans le stade aux alentours de la vingtième minute. Une troisième a suivi lors de la mi-temps.
« Nous étions assis, mon père, mon frère et moi, au milieu des cris des supporters, lorsque un bruit assourdissant a fait trembler nos sièges. J'ai sursauté et me suis immédiatement tournée vers mon père, cherchant une explication. Je n'avais pas encore peur à cet instant, pensant que quelque chose était tombé du haut d'une grue ou qu'il s'agissait d'un simple accident sur un chantier », raconte Anna*, l’une des supporters présente dans le stade.
« L’euphorie a pris le dessus »
Les trois explosions ont été produites par trois membres de l’Etat islamique (EI), qui ont actionné leur ceinture à explosif aux abords du stade. Ils avaient l’intention de pénétrer à l’intérieur de l’enceinte, sans succès.
Au total, les explosions ont fait un mort -en plus des trois assassins- et plusieurs blessés.
Les supporters et les joueurs n’étaient au courant de rien. La plupart ont pensé que les détonations provenaient de bombes agricoles. « Les joueurs semblaient interloqués (ndlr : Patrice Evra s’est arrêté de jouer quelques secondes lors de la seconde détonation). Quant aux supporters, ils étaient assez perturbés mais l'euphorie a pris le dessus », décrit Ilyes*, lui-aussi présent dans le stade.

« Nous avons compris qu’il se passait quelque chose de grave »
Au fur et à mesure, les interrogations se sont propagées chez les supporters. « J’ai tapé discrètement sur mon téléphone “explosion paris”. J’ai vu qu'il se passait quelque chose mais que les causes n’était pas encore identifiées. J’ai préféré rester calme, pour ne pas inquiéter qui que ce soit, et faire mine de profiter de la rencontre tout en suivant l'actualité », poursuit Ilyes*.
Le père d’Anna*, accompagné d’autres supporters, est monté en haut des gradins pour tenter d’apercevoir quelque chose à l’extérieur. « Quelqu’un s'est écrié “Il y a un homme à terre !”. A ce moment-là, nous avons compris qu'il se passait quelque chose de grave ».
« Il était trop dangereux de laisser les spectateurs sortir »
Ce n’est qu’à la fin du match que les supporters ont appris ce qui se déroulait réellement dans la capitale. Certains supporters ont été autorisés à sortir du stade, mais d’autres ont dû patienter sur la pelouse avant d’être évacués à leur tour.
« Nous voulions partir mais toutes les portes étaient fermées. Apparemment, c’était trop dangereux de laisser les spectateurs sortir au risque d'un autre attentat », se rappelle Anna*.
Les joueurs ont eux-aussi été informés des attentats, par l’intermédiaire des télévisions installées dans le stade. Des révélations qui ont été très dures, en particulier pour Antoine Griezmann, dont la sœur est une rescapée de l’attaque du Bataclan, et Lassana Diarra, dont la cousine figure parmi les victimes de l’une des fusillades en plein Paris.

« Tout le monde courraient sans savoir où ni pourquoi »
Lors de l’évacuation du stade, quelques minutes plus tard, la tension était palpable. « Nous devions suivre un chemin plus ou moins balisé et encadré par des policiers sous tension. Je me souviens qu'une personne avait voulu faire demi-tour pour aller rejoindre un ami, le policier avait alors dit “Avancez par ici sinon je tire”. C'était assez spécial », raconte Ilyes*. « Les gens criaient et se poussaient les uns les autres. Tout le monde courraient sans savoir où ni pourquoi », ajoute Anna*.
Les Bleus ont quitté le stade aux alentours de trois heures du matin. Côté allemand, les joueurs, très choqués, ont préféré passer la nuit dans les vestiaires plutôt que de regagner leur hôtel. Ils sont repartis le lendemain matin, par avion, en direction de Francfort.
« Nous avons eu beaucoup de chance »
« Les semaines suivantes, je gardais souvent près de moi le billet du match, comme pour me rappeler que tout se joue à des détails. D'autant plus que j'étais situé à la porte par laquelle voulait entrer le terroriste. Avec le recul, je me dis que nous avons eu beaucoup de chance », conclut Ilyes*.
*Les prénoms des intervenants ont été changés.
Eline WISNICKI