Burnley : l’irréductible British
Souvent moqué pour son style de jeu très britannique, mêlant physique et abnégation, Burnley résiste encore et toujours à l'envahisseur international dans une Premier League de plus en plus attrayante et parfois un peu “bling bling”. Cherchons les clés du succès de ce club aux antipodes du football moderne.
Le maintien d'un collectif
Le 12 septembre prochain, les Clarets entameront leur cinquième saison de suite dans l'élite anglaise, une performance à louer quand on connait l'adversité qui y règne. Au delà du maintien, Burnley s'est hissé deux fois en quatre ans dans le top 10 du championnat avec une incroyable septième place en 2017/2018, menant les hommes de Sean Dyche jusqu'aux éliminatoires de l'Europa League.
Pourtant, malgré ces résultats plus que satisfaisants, le nom de Burnley est souvent coché quand il s'agit de prédire qui descendra en Championship l'année suivante. La faute à une manière de jouer de plus en plus rare à ce niveau et un effectif moins clinquant, de prime abord, que certains concurrents directs au maintien. Car oui, Burnley représente le parfait stéréotype du football britannique – rugueux et manquant de subtilité.
Avec un effectif presque intégralement britannique, peu d'individualités sortent du lot. Mais justement, cette homogénéité devient la force du club et cela se ressent sur le terrain. En effet, mis à part des joueurs comme Nick Pope (gardien international anglais courtisé par des cadors européens) ou James Tarkowski (deux sélections avec les Three Lions) qui ont déjà côtoyé les sommets du football anglais, les Clarets ne sont pas habitués à la lumière et en profitent pour se mettre au service du collectif.
Cette attitude rare dans le football moderne est renforcée par la maturité de l'effectif : 28 ans de moyenne d'âge.
Sean Dyche, voix de la raison
Mais cette réussite n'est pas seulement celle des joueurs, elle est également celle de Sean Dyche, le manager anglais à la tête du club depuis octobre 2012. Sa longévité – la plus longue en Premier League – n'est pas due au hasard. L'homme à la voix rauque est arrivé dans l'un des clubs les plus vieux d'Angleterre pour lui redonner sa grandeur d'antan (Burnley a connu un âge d'or dans les années 1960 en remportant un titre de champions d'Angleterre).
Pour cela, il a décidé d'avoir une main mise sur le club; mais pas uniquement sur le choix des joueurs lors des matchs. Par exemple, Dyche a eu une grande implication dans la construction du terrain d'entraînement, le Barnfield Training Centre, achevé en 2017. L'ancien international irlandais Jonathan Walters déclara même un jour : “Dyche est un entraîneur totalitaire” pour insister sur le besoin de contrôle éprouvé par l'Anglais.
Une tactique à l'ancienne
Cette main mise sur le club se ressent également dans le jeu des Clarets. Adepte du traditionnel 4-4-2, Sean Dyche sait jouer sur les points forts de ses hommes : la solidarité et la détermination.
Même si, à plusieurs reprises, Burnley a su développer un jeu offensif léché, et face à des gros, l'équipe est principalement tournée autour de la défense collective. Les Clarets n'aiment pas avoir le ballon et le laissent volontiers à leurs adversaires. Ils n'ont également pas peur de défendre très bas.
En témoigne cette action contre Liverpool le 11 juillet dernier (1-1) où pas moins de dix joueurs de Burnley se retrouvent dans leurs trente derniers mètres. On verra toutefois que sur cette séquence, les joueurs ont tendance à se concentrer le plus près possible du but de Nick Pope, oubliant le marquage sur certains joueurs sur les ailes…
Offensivement, la tactique reste tout aussi classique. Avec des points d'appui comme Chris Wood ou Ashley Barnes, le hommes de Sean Dyche ont tendance à ne pas se priver de jouer long. Les attaquants ayant tendance à gagner leurs duels, le succès de Burnley réside dans le nombre de solutions présentes autour du 9. Une fois la déviation réussie, les Clarets peuvent se projeter vite sur les côtés.
Sur l'action ci-dessous, Chris Wood se place à la retombée d'un dégagement de plus de trente mètres. Autour de lui, quatre coéquipiers sont disponibles en cas de déviation. Toutefois, cette tactique a une faille : elle coupe de bloc en deux, la défense et l'attaque.
Enfin, et c'est sûrement le plus évident, les Clarets sont friands de centres et de coups de pieds arrêtés. Leur dimension physique est décisive dans les duels cruciaux.
Continuer ou évoluer ?
Donny van de Beek, Kai Havertz, James Rodriguez, Gabriel, des noms qui font rêver et qui s'accumulent dans les grands clubs anglais. A première vue, ces transferts ne devraient pas changer le rythme de croisière de Burnley en Premier League. Mais c'était sans compter sur le mercato des équipes jouant le maintien, concurrentes directes des Clarets. Watkins à Villa, Eze à Brighton, Rodrigo à Leeds ou Wilson à Newcastle sont un échantillon d'exemples de recrues intéressantes et malignes.
Du côté de Burnley, le calme plat. Une doublure de Nick Pope en provenance de Wolverhampton, Will Norris, et rien d'autre. Cette frilosité sur le marché des transferts est un point de discorde entre Sean Dyche et ses dirigeants. On sait que Mike Garlick (propriétaire anglais du club) est connu pour être plutôt prêt de ses sous, mais le coach anglais ne partage pas cette philosophie, il veut un soutien financier à hauteur de ses ambitions.
Alors oui, recruter ne veut pas dire gagner – le cas de Fulham en 2018 fait jurisprudence – mais jouer à ce jeu dans le contexte que l'on connait demeure plutôt risqué. On rappelle qu'en juillet dernier Sean Dyche n'a pu enregistrer que sept remplaçants sur la feuille de match (contre neuf autorisés) avant d'affronter Crystal Palace car il ne disposait plus d'assez de joueurs aptes à jouer. Ajoutée à cela la moyenne d'âge vieillissante de l'effectif et l'on pourrait débuter un exercice 2020/2021 bien compliqué.
Toutefois, la formule fonctionne depuis déjà plusieurs années et Burnley n'en finit jamais de nous surprendre. Alors, pourquoi changer une équipe qui gagne ? La réponse dès samedi pour une nouvelle saison qui promet d'être haletante…
Crédits photo de Une : Daily Mail
@TheoPutavy