Tennis

Dodin, si près, si loin …

Océane Dodin (98ème WTA), frustrée de cette défaite au finish en conférence de presse 3/6 6/3 7/5 au terme d'un match époustouflant, a pourtant réalisé l'un des matchs les plus aboutis de sa jeune carrière. Retour sur une joueuse au style de jeu tout feu tout flamme et au potentiel pas encore suffisamment exploité.

Dodin s'était incliné au second tour des qualifications. (NDLR : contre Alison Riske, 104ème mondiale 6/1ab.). Dépitée à l'idée de ne pas intégrer le tableau final, la Nordiste avait reçu au dernier moment un message lui indiquant qu'elle a été repêchée en tant que Lucky Loser. Victorieuse de la Paraguayenne Veronica Cepede Royg (78ème WTA) en trois manches, la Tricolore s'était donné le droit d'affronter ni plus ni moins la n°1 mondiale, Simona Halep, sur le Grandstand.

Fidèle à sa tactique première, Dodin a asphyxié dès le premier point la Roumaine grâce à des coups gagnants déclenchés à une vitesse exceptionnelle. La Française a conclu avec autorité le premier set 6-3. Rien que ça. Mais Halep a aussi rappelé qu'elle n'est pas n°1 mondiale pour rien, et contre de mieux en mieux les missiles de son adversaire pour égaliser à un set partout sur le même score. De là, l'ultime manche s'est jouée façon « Règlement de compte à OK Corral ». Les breaks s'échangent, les coups gagnants pleuvent, la Française menant jusqu'à 4/2 break. Mais la machine à coups gagnants (35 au total !) s'est enrayée au pire moment. Perdant de suite son break, elle s'est retrouvée dos au mur à 5/4 pour rester dans le match. A l'orgueil, Dodin a tenu jusqu'à 5/5 mais perdit son service au pire moment à 6/5 et laissa Halep conclure ce match démentiel par un jeu blanc, 7/5 au troisième set et 2h08 de jeu plus tard.

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Dodin, tout feu tout flamme

Avant Miami, Océane Dodin restait sur 190 jours sans victoire, minée par de sérieux problèmes de santé, notamment des vertiges. Il est évident que frapper aussi fort et sur chaque balle en procure quelques-uns, surtout à ses adversaires. Une telle qualité de frappe sur le circuit, hormis peut-etre Serena Williams dans ses meilleurs heures, est rarissime. Peu importe de quel coté elle s'engage, la balle part à une vitesse jamais vue sur le circuit WTA, ce qui lui permet de tuer l'échange le plus rapidement possible et sans consommer trop d'énergie. Cette capacité à frapper fort dans la balle lui a notamment permis d'obtenir des victoires de prestige contre Jelena Jankovic ou Ana Ivanovic par le passé.

Seulement voilà, si Océane Dodin fait partie des rares joueuses (et joueurs, aussi !) à être frustrante à regarder jouer, cela ne va pas sans dire. La Française possède deux lacunes majeures dans son jeu : son service, où sa qualité de première balle manque de fiabilité – il n'est pas rare de la voir faire près d'une dizaine de doubles fautes par match (16 contre Halep !) et d’être sous les 50% de première balle (43% contre Halep) – ; et surtout, son intelligence tactique. La Tricolore donne l'impression de jouer sans réfléchir. Les parpaings sur commande, oui, mais pas n'importe quand : elle pourrait encore plus gagner en fiabilité dans l'échange avec plus de variations dans son jeu, de trajectoires bombées ou encore une meilleure montée vers l'avant. Des caractéristiques indispensables à intégrer afin de progresser dans son jeu si elle veut enfin décoller au classement WTA. A 21 ans, la Française a encore un bon bout de temps pour apprendre avant de s'élever et de tutoyer des sommets dont elle a les moyens d'atteindre.

23 ans et toutes mes dents, né avec une balle de tennis dans la main gauche, un gant de gardien de but dans la main droite et un moteur V6 à la place du cerveau, je mange du sport à grandes bouchées, H24 et 365 jours/an. Comme Elie Baup et sa casquette, je garde toujours mon chapeau sur la tête.

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