La semaine dernière, vous avez pu suivre sur We Sport les championnats du monde de patinage artistique. Voici les 7 leçons à retenir de ces Mondiaux.

La Russie domine le patinage mondial

La Russie a toujours fait partie des nations dominantes sur le circuit. Mais cette année, bien que les athlètes russes aient dû concourir sous bannière neutre, les chiffres sont particulièrement impressionnants. Trois des quatre titres mis en jeu ont été remportés par la Fédération russe, et sur 12 médailles, la moitié est revenue à la Russie. Seul le podium de la catégorie hommes ne comporte pas de représentants russes, mais Mikhail Kolyada est tout de même 4e. Cette domination est encore plus forte chez les couples, avec les trois couples russes dans le top 4, mais surtout chez les dames, avec tout simplement le triplé de la Russie. Ces statistiques montrent bien à quel point le patinage russe a des cartes à jouer dans presque toutes les catégories, ils seront les grands favoris de l’épreuve par équipe l’année prochaine aux JO.

Elizaveta Tuktamysheva est de retour (mais elle n’est jamais vraiment partie)

Le patinage artistique est un sport à maturité précoce, et c’est d’autant plus vrai chez les dames. Oubliez les standards d’âge que vous connaissez : ici, les carrières commencent à 14 ans et se finissent souvent avant 20 ans. Elizaveta Tuktamysheva a été championne du monde en 2015 et a fêté fin décembre 2020 ses 24 bougies. C’est donc une véritable exception. Elle a connu plusieurs générations de patineuses russes et n’a tout simplement pas pu se qualifier à des championnats du monde entre 2015 et 2021 du fait de la densité russe dans cette catégorie. C’est un come-back ahurissant, et une longévité remarquable au plus haut niveau. Tuktamysheva fait aussi partie des pionnières de la révolution technique chez les dames. En 2015, elle devenait la sixième patineuse à réussir un triple axel en compétition, saut qui deviendra sa grande force et qui lui a permis de monter sur le podium en Suède.

Nathan Chen est expert des libres sensationnels

C’était la sensation du programme court : après une chute sur le quadruple lutz, l’Américain Nathan Chen pointait seulement à la 3e place, avec huit points de retard sur le leader Yuzuru Hanyu. Une situation qui pouvait rappeler, dans une moindre mesure, celle du programme court des JO 2018 où Chen avait réalisé un programme court catastrophique pour terminer 17e. Et bien comme aux JO, Chen a réussi à se remobiliser pour faire un programme libre à cinq quadruples sauts et mettre la pression sur Hanyu. Le Japonais avait besoin d’être parfait pour battre Chen, mais il a commis trop d’erreurs pour espérer pouvoir l’emporter. Probablement une des meilleures performances de la carrière de Nathan Chen, ce programme restera sûrement l’image de ces Mondiaux. Et il aura évidemment à cœur de prendre sa revanche olympique dans un an.

Tout peut arriver chez les couples

Qui aurait parié un centime qu’Anastasia Mishina et Aleksandr Galliamov deviendraient champions du monde devant, excusez du peu, Sui / Han (double champions du monde) et Boikova / Kozlovskii, entre autres ? Probablement personne, et c’est peut-être le résultat le plus inattendu de ces championnats. Bien que ce ne soient pas des inconnus sur le circuit, avec notamment un titre de champion du monde junior à leur actif, on les voyait mal s’imposer si vite. Mais cela nous prouve à quel point cette catégorie aussi spectaculaire que difficile peut réserver son lot de surprises. Aucune position n’est figée : l’année prochaine, tout peut arriver.

Le patinage français entre deux eaux

Le clan français a alterné entre déceptions et performances correctes. L’absence de Papadakis / Cizeron a pesé lourd en danse, avec les 16e et 17e places de Galyavieva / Thauron et Lopareva / Brissaud. À leur décharge, c’était leurs premiers Mondiaux, mais il n’y aura qu’un seul couple français aux JO l’année prochaine. Le chef de file et meilleure chance française, Kévin Aymoz, a pris une honorable 9e place, qui assure un deuxième quota à la France. Néanmoins, ses performances à la finale du Grand Prix 2019 (3e derrière Chen et Hanyu) auraient pu nous laisser envisager une meilleure place. Chez les dames, malchance avec la blessure de Maé-Bérénice Méité, et compétition compliquée chez les couples avec un seul couple qualifié au libre (Hamon / Strekalyn) qui termine dernier. Il faudra aller batailler au Nebelhorn Trophy pour essayer au moins d’avoir un quota par catégorie. C’est un bilan assez mitigé pour les Bleus.

Une patinoire sans public et sans doudous sur la glace sonne bien creux

Le patinage artistique est un sport où le public a une importance très grande. Les patineurs construisent leurs programmes pour plaire aux juges, mais aussi pour plaire aux spectateurs. Les 14 000 places de l’Ericsson Globe de Stockholm paraissaient très vides. Seuls les accrédités avaient le droit d’être en tribune. Forcément, tout ce qui fait le charme de ces compétitions, les encouragements du public, les standings ovations après un superbe programme, ou encore les doudous jetés sur la glace après la prestation d’un patineur nous ont manqué. Pas d’avalanches de Winnie l’Ourson pour Yuzuru Hanyu, malgré son magnifique programme court. Alors à We Sport, on attend avec impatience le retour des spectateurs, ce qui fait finalement l’essence de ce sport.

La saison prochaine sera historique

Nous allons terminer sur cette affirmation avec laquelle on ne prend pas beaucoup de risques. La saison prochaine est une saison olympique, ce qui signifie que chaque compétition aura un enjeu énorme : se montrer auprès des juges et marquer des points en vue de l’échéance olympique. C’est la fin d’un cycle, et il est courant que beaucoup de patineurs prennent leur retraite après une olympiade. Tous voudront partir de la plus belle des manières. Et pour couronner le tout, les Mondiaux post-JO seront en France, à Montpellier. De quoi donner de belles idées à notre équipe de France.

Il reste une dernière compétition avant la clôture officielle de la saison, le World Team Trophy, une compétition par équipes sans vraiment d’enjeu. Après cela, le monde du patinage aura la tête tournée vers Pékin et les JO 2022.

Crédit photo une : International Skating Union (ISU)