L’analyse tactique de Séville FC – Betis
Le championnat espagnol a fait son grand retour avec un derby sévillan au stade Ramon Sanchez Pizjuan. Analyse tactique d’une rencontre assez terne mais tout de même dominée par les locaux.
Les trois mois de pause forcée se sont fait sentir dans ce derby de Séville. Marqué par un rythme souvent apathique et des conditions physiques disparates, ce match a opposé deux schémas presque identiques. Bien que disposée en 4-5-1 sur le papier, le Betis de Rubi évolue rapidement en 4-3-3 dans ce match, tout comme la formation de Julen Lopetegui.
Des Verdiblancos désorganisés
Mais dès le début de la rencontre, les Beticos montrent davantage de lacunes que leurs adversaires. En possession du ballon, l’équipe paraît coupée en deux à de nombreuses reprises, empêchant une progression par du jeu court. Aligné seul en pointe malgré son profil pouvant apparaître comme complémentaire avec un second attaquant plus mobile, Borja Iglesias est presque sevré de ballon.
En parallèle, les déplacements sans ballon manquent cruellement de dynamisme et sont souvent hasardeux. Un paramètre qui a empêché les visiteurs d’approcher les buts adverses, ne cadrant qu’une seule frappe sur l’ensemble du match malgré 54,3% de possession de balle. Ici, le porteur de balle ne dispose d’aucune option de passe courte, comme à de nombreuses reprises lors de la rencontre.
De façon ponctuelle, le Betis essaye toutefois de proposer des solutions entre les lignes au porteur de balle en apportant de la mobilité. Mais même lorsqu’ils ont lieu, les décalages des verdiblancos sont approximatifs. Nabil Fekir (cercle vert), aligné sur le côté droit, s’est ici déplacé sur le couloir opposé afin de créer un surnombre aux côtés de son coéquipiers Cristian Tello. Mais faute d’automatismes et de vitesse d’exécution, aucune combinaison ne se déclenche malgré la possibilité de casser une ligne.
Les relations techniques entre les hommes de Rubio paraissent presque inexistantes, les rares espaces créés restant alors inexploités. L’occupation du terrain en phase défensive pose également problème, malgré une volonté de presser haut affichée dès les premiers instants du match.
Pour autant, des problèmes de coordination dans le quadrillage apparaissent rapidement, comme lors de cette action. Diego Carlos (cercle rouge) trouve sans problème Jesus Navas (cercle blanc), complètement seul dans le couloir droit.
Reguilon et Ocampos, seigneurs des couloirs
Le Séville FC profite alors de ces espaces. La meilleure illustration est très certainement cette séquence dans les dernières minutes de la rencontre. Pressé par trois joueurs, Thomas Vaclik trouve sans soucis un partenaire sur le côté droit libre de tout marquage.
Bien qu’elle n’intervienne que dans le temps additionnel, cette action illustre la faille exploitée par les joueurs de Julen Lopetegui tout au long de la rencontre. Rapidement, leur jeu délaisse presque l’axe. En conséquence à des lacunes semblables à celles de leurs adversaires pour progresser balle au pied, les locaux optent souvent pour du jeu long à destination des ailes, comme en témoigne cette carte de chaleur des ballons touchés par les Blanquirrojos.
Sur le côté gauche, Sergio Reguilon (cercle orange) occupe une position haute et est très régulièrement trouvé par ses partenaires. Le latéral prêté par le Real Madrid touche 53 ballons, le quatrième plus haut total de son équipe. De plus, il n’hésite pas à quitter l’aile pour apporter le danger dans le demi-espace gauche.
Mais le principal artisan de la victoire des Nervionenses est assurément Lucas Ocampos (cercle jaune). L’Argentin fait preuve d’un important volume de jeu et affiche une condition physique nettement supérieure à la plupart des autres joueurs. Outre son but sur pénalty, l’ancien Marseillais est aussi bien à l’origine d’une frappe qui s’échoue sur la barre transversale que d’un tacle réalisé de l’autre côté du terrain.
Ces deux détonateurs ont dynamisé un FC Séville livrant une prestation collective peu convaincante, aussi bien techniquement que sur le rythme.
Un changement de système bénéfique mais tardif
Malgré un retard de deux buts, le Betis affiche un meilleur visage dans la dernière demi-heure. Les entrées en jeu de Diego Lainez, Joaquin et Loren Moron sont accompagnées par abandon du 4-3-3 au profit d’un 4-2-3-1. Sans que cela n’engendre de véritables occasions de but, ce changement a le mérite d’apporter davantage de mobilité aux avant-postes, notamment de la part de Diego Lainez (cercle noir).
Nabil Fekir (cercle vert) occupe lui une position plus axiale, cessant de rester collé à la ligne. L’ancien Lyonnais est alors plus à l’aise pour faire parler sa créativité, bien aidé par la vision du jeu de Joaquin.
Le changement de dispositif laisse également davantage d’espace au double pivot, alors composé de Guido Rodriguez et Sergio Canales (cercle noir). Ces derniers peuvent s’exprimer plus librement dans le camp adverse.
Pour autant, un manque de déplacements entre les lignes empêche toujours les Béticos de mettre véritablement en danger la défense adverse.
Au terme d’un match qui ne restera pas dans les mémoires, le Séville FC consolide sa place sur le podium de la Liga. Le Betis reste quant à lui à huit points de la zone de relégation.
Crédits images de jeu : beIN Sports
Crédits Une : AFP