Tour de l’Ain : le bilan d’une épreuve riche en enseignements
Épreuve de reprise pour beaucoup de coureurs, le Tour de l'Ain s'est conclu ce dimanche. Remportée par Roglic devant Bernal et Quintana, l'épreuve nous a apporté certains enseignements utiles pour la suite de la saison.
La formation Ineos inquiétante
Pour sa rentrée, Geraint Thomas n'a pas été des plus rassurant. C'est un doux euphémisme que de dire cela. Lâché très tôt dans la 2e étape, il a dû jouer le rôle d'équiper dimanche et faire le train dans la vallée et au pied de l'ascension finale. En finissant 34e du classement général, pas certain que le vainqueur du Tour 2018 se soit rassuré sur sa course de reprise.
En ce qui concerne Chris Froome, sa performance sur l'étape de dimanche laisse entrevoir un net progrès et un début de forme correcte. Comme nous l'avait confié son directeur sportif Gabriel Rasch : “Chris est encore loin de sa meilleure forme et doit travailler pour qu'elle revienne. Il fait tout ce qu'il peut pour cela, mais il faudra du temps et cela se fera étape par étape.“
Plus que les performances individuelles des coureurs, c'est surtout sur le plan collectif que le team Ineos a paru en difficulté. En dehors de la comparaison peu avantageuse avec la Jumbo-Visma, ce Tour de l'Ain a mis en exergue certains soucis. Si Jonathan Castroviejo a semblé fort, ce fût en revanche moins le cas d'Andrey Amador qui a semblé légèrement en difficulté ce week-end. En effet, si le Costaricien n'a pas réellement déçu, il a toutefois semblé avoir du mal à hausser son niveau. Tao Geoghegan Hart s'est pour sa part montré assez discret sur la course. Sans toutefois être loin du compte, la formation Ineos a largement souffert de la comparaison avec le team Jumbo-Visma sur ce Tour de l'Ain et devra élever son niveau collectif pour rivaliser avec celui-ci.
Le team Jumbo-Visma déjà prêt pour le Tour ?
Tom Dumoulin déclarait à l'arrivée de la dernière étape que cette formation était “la plus forte dans laquelle il ait jamais roulé“. Vu la démonstration offerte par son équipe, on peut parfaitement le comprendre. En effet, 4 des coureurs de la formation Jumbo-Vimsa ont terminé ce Tour de l'Ain dans les onze premiers. Pas forcément impressionnant, Steven Kruijswijk a été au niveau des meilleurs sur les deux étapes de montagne. Il semble donc parfaitement dans les temps pour être prêt au départ de la Grande Boucle.
Pour sa première course depuis le Dauphiné 2019, le lauréat du Giro 2017 a signé un bon retour. 11e du classement général, il s'est dévoué corps et âme à Primož Roglič sur les deux étapes de montagne. Au micro de WeSport, Dumoulin déclare à l'arrivée : “Je n'avais jamais été dans une équipe aussi forte, c'est super de voir qu'on peut dominer une course de la sorte, ça donne vraiment confiance pour la suite. Ma forme s'améliore de jour en jour, mais est encore assez inconstante. Hier, c'était vraiment ça ; aujourd'hui ça allait beaucoup mieux. J'espère me servir du Dauphiné pour bien travailler et retrouver ma meilleure forme“.
Quant à Roglič, il a semblé intouchable tout au long de ces trois jours de course. Un mois après son titre de champion national, il a signé un retour impressionnant. En effet, en ne sortant jamais du podium, il a montré que la forme est déjà bien présente. Particulièrement joueur, le Slovène a semblé survoler la dernière ascension dimanche. Alors que tout le monde semblait à fond, le Slovène est allé voir Bernal pour lui parler avant de revenir à l'avant.
Mollema, Aru et Porte ont encore du chemin à faire
Un bilan encourageant pour les Trek
Si Mollema semblait le plus en forme du trio, il était également le plus frais. Leader de l'équipe, le Néerlandais était venu ici pour jouer le général. Le résultat, c'est une 6e place à deux grosses minutes de Roglič. Excellent lors de l'étape menant à Lélex, le vainqueur du dernier tour de Lombardie a craqué dans l'étape du Grand Colombier. En concédant 2′ sur les premiers, le Néerlandais a montré ses limites du moment.
Richie Porte était venu ici pour jouer la victoire sur l'ultime étape. Absent donc de la tête sur les deux premières journées, il s'est bien montré sur la dernière. En étant le premier favori à attaquer, il a fortement pesé sur le déroulement du final de l'étape. Il termine sa course à la cinquième place moins de 20” derrière l'intouchable Roglič. Le bilan est donc plutôt bon pour l'Australien qui semble sur la pente ascendante.
Fabio Aru, du mieux mais encore du chemin à faire
Pour Fabio Aru, le bilan est assez mitigé. Excellent sur le Ventoux la veille du départ, le Sarde a toujours semblé limite dans l'Ain. Une impression que vient largement contredire son classement. S'il a très tôt semblé en difficulté dans la deuxième étape, il n'a jamais craqué. Décroché relativement rapidement dans l'ascension du col de Menthières, l'Italien a pourtant fini l'étape 6e. Il termine donc devant des coureurs comme Benett ou Hirt qui l'avaient pourtant distancé auparavant.
Le constat est le même pour l'étape du Grand-Colombier. En effet, s'il fut parmi les premiers grands noms distancés, il ne s'est jamais résigné. Tant et si bien qu'il boucle son ascension à la 14e place. Ce classement cache toutefois un gros débours de temps puisque Fabio Aru concède 3'44” au vainqueur sur cette seule ascension. Le bilan de ce bloc est donc relativement rassurant pour le Sarde même s'il met en évidence le travail qu'il lui reste à accomplir pour revenir à son meilleur niveau.
L'intéressé déclarait samedi matin au micro de WeSport : “Je ne suis pas encore à 100 %, je fais de mon mieux pour revenir à mon meilleur niveau. Pour le moment, je ne suis peut-être qu'à 70 % de mes capacités, je travaille beaucoup pour revenir à mon top.“
Quintana revient tout doucement
Victime d'une chute peu avant la reprise des courses, l'état de forme du Colombien était très incertain. Cette incertitude, le Colombien l'a déjà en partie levée. Auteur d'une performance correcte sur le Mont Ventoux Dénivelé Challenge, Nairo a montré une forme en progrès ce week-end. Capable de suivre jusqu'au bout ou presque le vainqueur, les signaux semblent assez bons pour le grimpeur de la formation Arkéa-Samsic.
Le Français de ce Tour de l'Ain : Guillaume Martin joue parmi les cadors
Déjà excellent sur le mont Ventoux jeudi, Guillaume Martin a affiché sa forme dans l'Ain. On oubliera sa contre-performance de samedi sûrement due à l'accumulation d'un coup de chaud et d'une chute, c'est en tout cas ce que l'intéressé évoque dans un tweet. Sur les pentes du col du Grand Colombier, le coureur de la Cofidis a longtemps été dernier du groupe des favoris. En effet, à 14 km du sommet alors que vingt-cinq coureurs étaient encore présents, il était déjà dernier de ce groupe.
Une place à laquelle il figurait toujours 12 km plus loin alors que ce groupe ne comptait plus que cinq unités. Et lorsque les favoris ont commencé à s'attaquer, il ne sembla que peu en difficulté étant même capable de suivre les attaques de Porte et les accélérations successives des Jumbo-Visma. Il termine la dernière étape au pied du podium moins de 10” derrière le vainqueur. Une performance plus que satisfaisante pour le Normand qui semble bien en forme depuis la reprise.
Ce Tour de l'Ain nous a offert un bon aperçu des états de forme de certains favoris du Tour de France. Toutefois, nous ne sommes encore qu'à 3 semaines du grand départ à Nice et les formes peuvent donc largement évoluer d'ici là. Les enseignements de ce week-end ne sont donc pas des vérités absolues pour le départ de la Grande Boucle et seront encore moins sûres à la fin du Tour.