La NFL étant désormais dans une période de pause sans évènements majeurs, replongeons-nous dans son passé. La ligue fêtait ses cent ans cette saison et de nombreux matchs marquants ont jalonné son histoire. We Sport vous propose de revenir sur quinze d’entre eux, et aujourd’hui retour en 2017 pour voir Minnesota crucifier les Saints.

Le Contexte :

Revenons deux ans en arrière, lors de la saison 2017 de la NFL. Les Patriots sont champions en titre après une victoire renversante lors du Super Bowl LI face aux Falcons.

En NFC, deux équipes sont à la lutte pour prendre la tête de la conférence : les Eagles de Philadelphia et les Vikings de Minnesota. Si les deux équipes finissent avec le même bilan de 13-3, Minnesota termine finalement à la 2e place. Les Vikings ont survolé leur division et ont fini la saison en trombe onze victoires sur leurs douze derniers matchs. Malgré le départ d’Adrian Peterson, l’équipe a livré sa meilleure saison depuis 1998 et s’est offert une qualification directe pour le Divisional Round pour la première fois depuis 2009. Cette saison marque également le retour en grâce de Case Keenum, auteur de sa meilleure saison en carrière.

La lutte fut beaucoup plus acharnée dans la NFC South pour les Saints de la Nouvelle Orléans. Après trois saisons consécutives à 7-9, les hommes de Sean Payton terminent cette saison avec un bilan de 11-5 et remporte leur division pour la première fois depuis 2011. Néanmoins, l’homogénéité de leur division (les Falcons et les Panthers se qualifièrent également en playoffs) les empêcha d’avoir un bilan suffisant pour décrocher un bye et les força à disputer les Wild Cards. Ils retrouvèrent les Panthers à ce stade de la compétition et, comme en saison régulière, disposèrent de leur rival sans vraiment trembler.

Vikings et Saints se retrouvèrent donc lors du Divisional Round dans un U.S Bank Stadium surchauffé. Les deux équipes s’étaient déjà affrontées en saison régulière, lors de la Week 1, et Minnesota s’était imposé 29 à 19. Dans l’histoire des playoffs, il y avait eu trois confrontations et Minnesota tenait la corde (deux victoires à une), même si les Saints avaient remporté la dernière confrontation (finale de conférence 2009) en plein scandale du Bountygate.

Le Film du match :

Départ sur les chapeaux de roue :

Devant plus de 66.000 personnes, le coup d’envoi est donné et les Saints sont les premiers en possession du ballon. L’attaque emmenée par Drew Brees n’arrive cependant pas à concrétiser ce premier drive et est forcée à rendre le ballon à son adversaire. Minnesota se montre bien plus réaliste et va inscrire et touchdown de 14 yds à la course par l’intermédiaire de Jerrick McKinnon sur son premier drive offensif (7-0). Environ 5 min plus tard, les Vikings augmentent leur avance grâce à un kick de 20 yds de Kai Forbath, ancien kicker des Saints (10-0). New Orleans n’est pas dans son match et Drew Brees est en difficulté : il lance deux interceptions au cours de la première mi-temps. Minnesota profite de ce passage à vide pour augmenter son avance une nouvelle fois au début du deuxième quart-temps sur une course d’un yard de Latavius Murray (17-0).

L’heure de la remontée :

Les Saints ont toutes les peines du monde pour progresser en première mi-temps. L’attaque concède deux turnovers, ne convertit pas la moindre troisième tentative et rate également un field goal de 58 yds. À la pause, les locaux ont dix-sept points d’avance et ne sont pas inquiétés par les visiteurs. Néanmoins, New Orleans va trouver de la ressource au retour des vestiaires et inverser la tendance. Très vite, l’attaque reprend du rythme et Drew Brees distille enfin de bonnes passes. Après un long drive, Brees trouve Michael Thomas sur une passe de 14 yds et réduit enfin l’écart (17-7). Quelques minutes plus tard, Marcus Williams intercepte Case Keenum et les Saints capitalisent immédiatement grâce à un touchdown à la réception de 3 yds de Michael Thomas (17-14). Les Vikings se redonnent un peu d’air avec un field goal (20-14), mais l’écart a bien rétréci et le suspense est entièrement relancé.

Du chassé-croisé au Miracle :

Surfant sur leur lancée, les Saints vont bloquer un punt des Vikings dans le quatrième quart-temps pour s’offrir une position de départ très avantageuse. New Orleans déroule et ,avec 3min01 au chrono, va prendre l’avantage pour la première fois du match suite à un touchdown à la réception d’Alvin Kamara (20-21). En danger pour la première fois de la rencontre, Minnesota va réagir rapidement en se plaçant pour un field goal de 53 yds à 1min29 du terme. Kai Forbath ne tremble pas et redonne alors deux points d’avance à son équipe (23-21). Toutefois, New Orleans ne s’avoue pas vaincu et va à son tour se placer pour un field goal de 43 yds. Le pied de Will Lutz ne tremble pas non plus et les Saints reprennent l’avantage avec seulement 25 sec sur l’horloge (23-24). Le match semble plié, mais le Miracle va se produire (voir ci-dessous), permettant à Minnesota de l’emporter.

L’action marquante :

Après avoir trouvé Stefon Diggs pour se placer sur les 39 yds de son propre camp, Case Keenum se retrouve en 3e&10 avec seulement 10 sec avant la fin du temps réglementaire. Un miracle doit se produire, et c’est exactement ce qui va se passer. L’objectif des Vikings est simple : réussir une réception rapide puis sortir des limites du terrain pour permettre à leur kicker de frapper le coup de pied de la gagne. Pour cela, les Vikings décident d’appeler un jeu nommé “Buffalo Right, Seven Heaven”.

Le ballon est snappé, et Case Keenum résiste à la pression mise par la ligne défensive adverse. Keenum regarde sur sa droite et envoie une passe légèrement trop haute en direction de Stefon Diggs (Z sur le schéma). Le receveur est donc obligé d’aller chercher le ballon en haute altitude et est donc sujet à un plaquage facile d’un défenseur qui scellerait la victoire des Saints. Toutefois, la défense des Saints va complètement se louper. Marcus Williams tente un plaquage bas sur Stefon Diggs, mais heurte son coéquipier Ken Crawley au cours de sa manœuvre. Le safety manque donc son plaquage, et empêche également Crawley de plaquer le receveur adverse. Diggs réussit ainsi à rester debout et a le champ libre pour aller dans la endzone et offrir la victoire aux Vikings. Touchdown, Minnesota l’emporte 30 à 24 et brise les espoirs de titre des Saints.

Et après ?

Cette action restera dans l’histoire comme un des jeux les plus mémorables de l’histoire. Élue Play of the Year cette année-là, elle constitue un véritable miracle qui permit à Minnesota de poursuivre son parcours en playoffs. Malheureusement pour les Vikings leur aventure s’arrêtera au tour suivant après une lourde défaite face aux Eagles de Philadelphia.

Côté Saints, ce moment est considéré comme un véritable traumatisme. L’élimination reste un véritable choc pour les joueurs et les supporters, et a également créé une forte rivalité avec les Vikings lors des affrontements en playoffs. La plaie n’est aujourd’hui toujours pas refermée et s’est même rouverte cette année après l’élimination en Wild Cards face à ces mêmes Vikings dans un rematch houleux au Superdome. Si Stefon Diggs fut considéré comme un héros après ce jeu, Marcus Williams fut lui tourné en paria pendant un très long moment, même si ses dernières performances sur le terrain font taire certaines critiques autour du joueur plus de deux ans après son erreur.

Quelques semaines après le Minneapolis Miracle se tint le Super Bowl LII qui opposa les Patriots aux Eagles. Un match d’anthologie lui aussi marqué par une action extraordinaire.