Il y a 19 ans maintenant, Nelson Mandela disait « Sport has the power to change the world ! » Impossible de le contredire après ce que tous les amateurs de sport et de sensations fortes ont vécu cette année. À l’instant même où vous êtes en train de lire cette phrase, Trent Alexander-Arnold s’apprête sans doute à tirer un corner et Julian Alaphilippe a sûrement eu le temps de se glisser dans une échappée. Mais qu’importe votre sport de prédilection, la rédaction de WeSportFr a fait de la place à tous, et revient sur les 30 événements sportifs qui ont fait 2019.
Aujourd'hui, focus sur le sacre des Raptors. Si le retentissement n'a pas été à la hauteur de notre côté de l'Atlantique, l'évènement a eu l'effet d'une bombe chez nos amis Américains. Retour sur une saison historique pour la franchise de l'Ontario.
18 juillet 2018 : L'arrivée du Messie
Wojbomb (du nom d'Adrian Wojnarowski pour les intimes) ! Kawhi Leonard, superstar du basket en perdition du côté de San Antonio, MVP des finales 2014, joueur défensif de l'année 2015 et 2016 est envoyé à Toronto en échange de l'Idole des Raptors DeMar DeRozan (voir ici). Des deux côtés, on se demande quoi penser de cet échange et le moins que l'on puisse dire c'est que malgré le palmarès de The Klaw, ce trade laisse un goût amer aux supporters Canadiens. Pourquoi ? parce que DMDR est une légende dans l'Ontario : neuf saisons sous le maillot des Rouge et noir (record), 4x All-Star, détenteur du record de nombre de points inscrits pour la franchise sur une carrière ainsi que sur un match… La pilule a du mal à passer, surtout que DeRozan aime son maillot et est dévasté à l'annonce de son trade.
Mais à l'image d'une rupture difficile, on peut toujours trouver une raison de rebondir, quelqu'un qui vous sort la tête de l'eau. Et Kawhi Leonard est de ceux-là. On s'attendait à une saison de transition pour lui, en attendant de s'envoler sous d'autres cieux à la fin de la saison (il a toujours déclaré vouloir jouer à LA, sa ville), Que Nenni, Kawhi est en mission. Et quelle mission ! Dès le premier mois, alors qu'on pensait le voir se mettre en route tout doucement après une saison blanche du côté du Texas, The Klaw tourne à 27,3 pts de moyenne, 7,8 rebonds et surtout Toronto commence la saison avec 7 victoires et 1 défaites (lorsque Kawhi est mis au repos contre Milwaukee). Car la force de Nick Nurse réside également dans sa gestion du cas épineux du physique de l'ancien ailier des Spurs, et aura l'intelligence de le préserver 22 matches dans la saison ce qui lui permettra d'arriver aux play-offs dans une forme absolue.
Kawhi Leonard lors du Media Day des Toronto Raptors le 24 septembre 2018
Froid, précis, imperturbable, Canadien quoi.
Mais les Raptors ne reposent pas seulement sur un homme. Plutôt sur un collectif bien rôdé, expérimenté (encore plus avec l'arrivée de Marc Gasol en cours de saison) et imprévisible à la fois mais ô combien efficace. La plus belle illustration ? Pascal Siakam. Le camerounais a été l'une des pièces maitresses de la saison réussie des protégés de Drake. Pour sa troisième saison en NBA, le numéro 43 a pris une dimension qu'on n'attendait pas forcément. Présent dans le 5 majeur seulement 5 fois lors de la saison 2017-2018, il devient enfin un titulaire indiscutable et enchaine les performances de premier ordre.
Dans leur sillage, tout le monde suit la cadence. Kyle Lowry, Fred VanVleet et consorts dégagent une assurance et une constance assez impressionnante. Résultat, une saison régulière terminée à la deuxième place de la conférence tout juste derrière les Bucks du futur MVP Giannis Antetokounmpo avec 58 victoires et 24 défaites, mais surtout une impression que l'équipe ronronne encore et allait déchainer les enfers en Play-offs. Et ce qui devait arriver arriva. Pourtant surpris au premier match par un Magic d'Orlando encore sur sa lancée de fin de saison régulière (défaite 104-101 à la Scotiabank Arena), Toronto se qualifiera assez aisément face aux floridiens (4-1) pour aller affronter Philadelphie en demies.
Duel de titans. Kawhi Vs Embiid. Monstre contre monstre. Les deux franchises se rendent coup pour coup dans une série qui risque bien de rester dans les annales. 1-1 puis 2-2, puis 3-3, match décisif au Canada, le public est en furie. Nous sommes le 13 mai 2019 et ce moment pourrait bien entrer dans la légende. Pour ne pas changer, les deux équipes sont au coude-à-coude. 90-90, il reste 4,2 secondes à jouer. Le reste ne se raconte pas, il se vit.
The first Game 7 buzzer-beater in NBA history made this all possible.
Salute, Kawhi Leonard. pic.twitter.com/fwXY6UXQ0u
— SLAM (@SLAMonline) June 14, 2019
Mais les Raptors n'eurent pas le temps de pavoiser que déja un autre monument se présentait sur leur route : Milwaukee et son Greak Freak (comprenez Giannis Antetokounmpo). Et la redescente fut dure pour les hommes de Nick Nurse et, à 2-0 pour les Bucks, beaucoup pensaient que l'épopée s'arrêterait là. Pourtant, sous l'impulsion de leur banc (Van Vleet, Powell, Ibaka entre autres) Toronto redressa la barre pour s'imposer 4-2 et se qualifier pour la première finale NBA de leur histoire.
Une finale pour l'Histoire
Golden State Warriors. Trois mots, une dynastie, voilà ce qui se dresse devant les Raptors dans cette finale NBA. Pourtant, Golden State n'est plus tant favori que ça. Avec un bilan favorable en saison régulière, Toronto a l'avantage du terrain, et surtout les Warriors sont privés de Kevin Durant. Face à Steph Curry et sa bande, C'est Pascal Siakam qui prend les choses en main lors du premier match : 32 points et 8 rebonds et Toronto empoche la première manche. Revanche à la Scotiabank Arena et cette fois Golden State remet les pendules à l'heure.
Mais l'un des tournants de ces Finales se situe à la 2e minute du quatrième QT de ce match. Sur une réception anodine, Klay Thompson se blesse, verdict : out pour le match 3. Certainement la goutte de trop pour des Warriors déjà bien diminués. Il n'en fallait pas plus pour que les Raptors s'engouffrent dans la brèche et s'imposent par deux fois à l'Oracle Arena avec un Kawhi Leonard en feu (30 puis 36 points). A 3-1, terminer n'est plus qu'une formalité se dit-on. Pourtant dans un sursaut d'orgueil, les Warriors empêcheront Toronto de célébrer le titre dans leur salle avec un duo Curry-Thompson de gala.
Game 6 : Oracle Arena, dernier match de l'histoire de la salle mythique (les Warriors déménageront à l'été 2019). Golden State a la possibilité de recoller à 3-3 te de mettre la pression sur Toronto. Le début de match est accroché et aucune des deux équipes, aucune des deux ne parvient à se détacher. Et c'est là que le destin (ou ce que vous voudrez) s'en mêla. Nous sommes dans le troisième quart-temps. Golden State mène 83-80, Klay Thompson part au dunk et obtient la faute en plus. Problème, l'arrière est légèrement déséquilibré par Danny Green et le genou tourne à la réception. En véritable Warrior, Klay ressort du couloir où les soigneurs le conduisaient pour venir tirer son lancer-franc et marquer son 30e point du match avant de sortir définitivement. La suite ? Les Raptors reprendront le lead et Steph Curry manquera un shoot à 3 points à 2 secondes du buzzer à 110-111 et Kawhi obtiendra un And-One sur le buzzer. Game Over, Toronto est champion. Jurassc Park peut enfin exploser.
Une foule immense accueille ses héros, Champions NBA pour la première fois de leur histoire.
Veni Vedi Vici. Kawhi a quitté Toronto après une seule saison mais a laissé l'empreinte de ses mains sur la franchise Canadienne. Son disciple Pascal Siakam est sur la bonne voie pour, à son tour, devenir le franchise player adulé par tout un pays. Auteurs d'un très bon début de saison, les Raptors semblent avoir parfaitement digéré le titre. De quoi rêver recommencer dès cette année ? On le sait, le plus dur dans le sport est de durer.
Demain, on se penchera sur le tennis de table avec un retour sur l'exploit retentissant de Simon Gauzy et sa victoire face à Xu Xin.