Dans une année où la pandémie mondiale de Covid-19 a chamboulé les programmations sportives et autres évènements planétaires (J.O, Euro, …), chaque sport a dû s’adapter pour survivre. Si 2020 restera une année morose pour bien des personnes, les douze mois qui la composent furent tout de même riches en émotions pour tout fan de sport. Du passage de la NBA à Paris aux records de Lewis Hamilton, en passant par les prouesses de Tadej Pogacar ou le Final 8 de la Ligue des Champions, la rédaction de We Sport revient pour vous sur les trente moments marquants de 2020. Aujourd’hui, retour sur la défaite de Papadakis / Cizeron aux championnats d’Europe 2020.
Les Italiens Charlène Guignard et Marco Fabbri, derniers à passer, ont dû trouver le temps long sur la glace en attendant que le speaker annonce leurs noms. Dans le Kiss and Cry, lieu où les patineurs attendent leurs notes, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont forcément trouvé ces 7 minutes et 32 secondes interminables. C’est le temps qu’il a fallu pour les départager des Russes Victoria Sinitsina et Nikita Katsalapov. Mais pour comprendre la tension extrême de ce moment, il faut revenir à l’avant-veille, jour de la danse rythmique.
Une danse rythmique réussie mais peu d’avance
En ce jeudi 23 janvier, les Français s’avancent en ultra-favoris pour ces championnats d’Europe à Graz. Quadruples champions du monde, quintuples champions d’Europe en titre, détenteurs des trois records du monde (court, libre et total), personne ne semble être en mesure ne serait-ce que s’approcher de leurs scores. Ils passent en 24e position sur 27, soit les premiers dans le groupe des favoris. Cette danse rythmique est maîtrisée, avec très peu d’erreurs techniques et ils obtiennent un score de 88.78. Mais Sinitsina / Katsalapov, qui passent eux en dernier, sont également presque parfaits et obtiennent 88.73. 5 centièmes séparent donc les deux couples avant la danse libre.
Deux jours plus tard, le 25 novembre, c’est la danse libre. Cette fois-ci, Papadakis et Cizeron passent après les Russes, en avant-dernière position. Ces derniers font de nouveau un excellent programme et remportent 131.69 points, score plutôt haut. À titre de comparaison, ils avaient obtenu 121.88 à la finale du Grand Prix, un mois et demi plus tôt. Mais le meilleur score de Papadakis / Cizeron cette saison est également le record du monde et s’élève à 136.58, établi au NHK 2019. Les Français ont donc la victoire entre leurs patins.
Pour quelques centièmes
Leur programme libre est bon, mais avec quelques erreurs. Notamment sur la séquence de pas à un pied, qui sera en plus mal rentrée par les juges durant le programme. A la fin du programme, le score technique des Français est d’environ 65, contre 73 pour les Russes, 7 points manquants dus à cette faute. C’est pour cela que les juges mettront autant de temps pour donner leurs scores. Tout le monde retient son souffle durant l’attente, les patineurs évidemment, les coachs, les autres concurrents, le public. Les notes finissent enfin par tomber : 131.50, soit 19 centièmes de moins. On sort les calculatrices, mais pour 14 centièmes, Gabriella Papadakis et Cizeron sont battus pour la première fois depuis les JO 2018.
Les raisons de cette défaite sont multiples. Tout d’abord, comme l’ont reconnu le couple français, ils ont fait des erreurs dans la danse libre contrairement à Sinitsina / Katsalapov. Là où peut-être l’écart est plus discutable, c’est sur la danse rythmique. Beaucoup ont jugé que les Français auraient dû avoir plus d’avance à l’issue de ce programme. L’entraineur de Papadakis / Cizeron, Romain Haguenauer, avait déclaré après la danse rythmique que les juges avaient pour consigne de ne pas donner trop de 10 en notes artistiques. Cette deuxième partie de la note globale étant réputée pour être très haute chez le duo français, il estimait que cela les pénalisait plus que les autres. Dans un sport où les arrangements ne sont pas un secret, peut-être que cela a pu jouer sur le résultat final. Enfin, Gabriella Papadakis avait déclaré quelques jours après la compétition avoir souffert d’anxiété durant le mois de janvier, et qu’ils avaient hésité à participer.
Tout simplement, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont montré qu’ils étaient aussi humains et non des machines à gagner. Ces championnats d’Europe étaient aussi leur dernière compétition de la saison, et la prochaine sera les Mondiaux en mars prochain. Nul doute qu’ils auront à cœur de remporter un cinquième titre mondial.
Crédit photo Une : ANTONIO BRONIC / REUTERS