Real Betis Balompié : l’outsider qui fait défaut
Le Real Betis, bien installé en Liga depuis 2015, réalise cette année une saison plus que mouvementée. L’année dernière, la Ligue Europa avait sauvé le club andalou d’un bilan très maigre (seulement 10e). Cette année, le Betis fait encore pire, et n’est pas qualifié en Europe. Alors que le Betis possède un des effectifs les plus classes d’Espagne, los Verdiblancos peinent à prouver toute leur valeur. Alors, où se trouve vraiment le problème ?
L’effet retro
Un recrutement pléthorique
Le Real Betis, qui a engrangé des deniers grâce à son parcours en Europa League, s’est bien lâché sur le marché des transferts l’été dernier. Tous les postes ont eu le droit à un renfort au moins. Dani Martín est arrivé en tant que doublure de Robles en provenance de Gijon, pour 5M€. Il compense le départ de Pau Lopez, parti à la Roma contre un joli chèque de 23M€. En défense, Alex Moreno a été acheté pour 7M€ au Rayo Vallecano. Le latéral gauche a beaucoup joué, bien plus que son concurrent direct Pedraza. Il a été acheté pour endiguer la vente de Firpo, révélation de la saison passée, au FC Barcelone. À droite, le club a réussi à se faire prêter Emerson par les Catalans, d’où vient également Carles Aleñá.
Au milieu, pour pallier le prêt de Lo Celso (définitivement acheté au PSG 22M€) à Tottenham et la vente de Boudebouz à Saint-Etienne, le Betis s’est payé un champion du Monde, rien que ça. Nabil Fekir, après de nombreuses années à l’Olympique Lyonnais, s’est 2. Avec un montant avoisinant les 20M€, le Français fait presque figure de bonne pioche.
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En attaque enfin, le club a décidé de recruter l’ancien avant-centre de l’Espanyol Barcelone, Borja Iglesias (28M€). Le joueur suit donc son coach, Rubi, qui a signé un contrat au Betis en remplacement de Quique Sétien. L’ancien entraîneur du Betis aura officié deux ans en Andalousie, avant de prendre les rennes des Blaugranas. Quant à Rubi, ancien joueur de football amateur, il relève au Betis son plus grand défi, après un bon passage à l’Espanyol où il a fini 7e la saison passée. Juanmi, ancien joueur de la Real Sociedad, a lui été acheté pour 8M€. Malheureusement, l’espagnol n’a pu prouver l’étendue de son talent, victime d’une blessure au pied l’éloignant des terrains depuis le 23 Septembre 2019.
Une saison en dents de scie
Jamais au cours de la saison, le Betis n’aura paru dans le coup pour accrocher une place européenne. Les joueurs de Rubi ont bien trop souvent alterné le chaud et le froid. Tout au long de la saison, des défaites ont remis en question le groupe, ses valeurs, et la confiance dont bénéficiait le coach. Après une vilaine défaite inaugurale à domicile contre Valladolid, les Béticos se sont rapidement rendu compte de la marge de progression qu’ils avaient par rapport aux gros poissons espagnols. Lors de la deuxième journée de Liga, Joaquin et compagnie se sont inclinés 5 buts à 2 au Camp Nou, malgré l’ouverture du score de Nabil Fekir, son premier but sous ses nouvelles couleurs. Cela faisait alors toucher le fond au Betis, bon dernier de Liga.
Par la suite, les joueurs de Rubi ont enchainé sur deux nuls et deux victoires, face à des clubs moins réputés qu’eux (Levante, Osasuna…) avant de reprendre une valise, cette fois à Villareal. Le club Andalou retombait à la 15e place après avoir remonté la pente jusqu’à la 9e place de Liga. Ce schéma, los Béticos le répéteront sans cesse. Des victoires contres des clubs plus ou moins imposants (Celta Vigo, Mallorca…) et des défaites face à des clubs contre qui ils devraient être en concurrence direct pour une place en Europa League (Getafe, Valence, Real Sociedad, FC Seville). Le Betis a trop souvent partagé les points également, dans des matchs parfois assez pauvre en buts (3 fois 0-0, 4 fois 1-1).
Coup d'éclat contre Madrid
Leur seul vrai fait d’arme est une victoire face au Real de Madrid, à domicile (2-1). Les coéquipiers de Marc Bartra ont réussi à mater le Real, qui caracolait alors en tête de la Liga. Ce match est, à ce jour, le dernier disputé par le club en Liga, les matchs d’après étant suspendus / reportés à cause de la crise sanitaire actuelle.
Concrètement, les Andalous se retrouvent aujourd'hui en position plutôt délicate par rapport à son statut : 12e n’est clairement pas une position acceptable pour les Verdiblancos. Cela les priverait encore de Coupe d’Europe, et de revenus télévisés importants. Pire, cela pourrait compromettre leurs chances de conserver leurs bons éléments comme Bartra, Sidnei, Loren Moron, Carvalho (convoité un temps par Monaco), ou leur jeune espoir mexicain Diego Lainez.
Le tournant de la saison
10 Novembre 2019. La défaite lors du derby, face au FC Seville, qui plus est à domicile, a du être vécue comme un véritable électrochoc par les hommes de Rubi, comme pour lui-même. Alors que le technicien avait tenté un changement de composition et de tactique pour ce match, ce fut la dernière fois que l’on pouvait observer le 3-4-2-1 du Betis. Depuis, les joueurs ont toujours évolué en 4-1-4-1 (ou 4-2-3-1). Aussi, après cette cuisante défaite à Benito Villamarin, le club a enchainé sa plus longue série de victoires (3 victoires), et d’invincibilité (4 matchs). Les victoires ont été au rendez-vous face à Valence (2-1), Mallorca (1-2) et l’Athletic Bilbao (3-2).
Il est cependant à remarquer, que sur l’ensemble de ces matchs, le Betis n’a pas vraiment réussi à capitaliser sur sa défense. Bien que victorieux, les hommes de Rubi encaissent très (trop) souvent des buts au cours du match. Par 4 fois au cours de la sains seulement, le club est resté solide derrière sans encaisser de but (3 nuls, une victoire).
Ce que l’arrêt du Championnat change
Pour les Sévillans, l’arrêt du Championnat n’a pas de réel impact outre mesure. Le club, distancé pour la course à l’Europe, est à 12 points de l’Atletico, 6e de Liga. Derrière, Mallorca est à 8 points. Ce qui devrait suffire au Betis pour assurer son maintien. Le Betis ne chasse pas, mais n’est pas vraiment chassé non plus. Cette position, toujours très inconfortable, n’aide pas les joueurs à se positionner correctement. Idéalement, cette pause dans le Championnat permettra aux joueurs de se reconcentrer, afin de retrouver une rigueur défensive complètement perdue.
À côté, les joueurs ont consenti à une baisse de salaire conséquente, en cas d’arrêt définitif de la Liga. Une baisse à hauteur de 15% a été validée par les joueurs. Si par ailleurs le championnat venait à reprendre, une baisse de salaire serait toujours d’actualité, mais dans une moindre mesure. Cette baisse a pour objectif d’éviter une faillite au club. Autre club à avoir consenti une telle baisse de salaire, le FC Barcelone en a fait de même.
Enfin, un deuxième derby Sevillano a tout de même eu lieu, mais cette fois sur console. Iglesias a affronté Reguilon sur FIFA 20. Le match, qui se déroulait donc au Stade Ramon Sanchez Pizjuan, a vu Iglesias l’emporter 6 buts à 5, sur un dernier but de… Iglesias (avec son avatar). La rencontre, diffusée en direct sur Twitch, a réuni plus de 60.000 socios.
Les Tops / Flops
La friabilité défensive
Les Verdiblancos sont connus pour leurjeu léché, porté vers l’avant. Pourtant, cela lui a souvent été préjudiciable cette année, lorsqu’on regarde le nombre de buts encaissés et le nombre de clean sheets. L'équipe présente normalement de sacrées garanties en défense : Marc Bartra ou Sidnei sont de très bon joueurs, et Carvalho est un excellent milieu défensif. Force est de constater que le Betis est la deuxième pire défense de Liga, seulement devancée par Mallorca (43 buts encaissés!).
L’intégration de Nabil Fékir en équipe première
C’était l’interrogation numéro une côté sévillan, en début de saison. Comment intégrer l’ancien maître à jouer lyonnais, lui qui a besoin d’être au coeur du jeu, au coeur du milieu de terrain pour briller ? Il est évident qu’il y a eu une certaine latence avant de lui permettre d’être épanoui (notamment à cause du très mauvais début de saison du Betis), mais l’international français semble avoir trouvé sa place. Avec 7 buts et 3 passes décisives en 22 matchs, il est en confiance. Il sait même se sublimer et faire avancer son équipe, notamment lors de la double confrontation face au Barca ou il a à chaque fois marqué un but. Nabil Fékir est toujours présent lors des grands matchs, et il l’a encore une fois prouvé. Si ce choix de carrière a pu choquer certains (il était courtisé par Liverpool), voir Fekir épanoui en Andalousie est un vrai régal pour les yeux.
Les perspectives d’avenir
Alors, que doit espérer le Betis à la reprise ? D’abord, engranger le plus de points possibles. Ensuite, s’assurer que ses éléments principaux puissent rester, et veuillent rester. L’objectif à court terme va être de retrouver les places européennes, compétition où le Betis avait brillé avant de tomber face au Stade Rennais, non sans démériter. Sortis invaincus de leur groupe très relevé (Milan AC, Olympiakos), le Betis a conquis l’Europe en très peu de temps. Les voir rejouer sur la scène européenne serait un vrai plaisir pour beaucoup de suiveurs.
Si l’objectif européen ne sera pas pour cette année, il y a fort à parier que ce sera une condition sine qua non pour Rubi l’année prochaine. L’ibérique, qui a un effectif de très grande qualité à sa disposition, se doit de faire mieux qu’une 12e place. Le Real Betis vit donc dans l’attente de la fin de saison, pour passer au plus vite à celle d’après.