On parle encore judo à l'aube de ces Jeux olympiques de Tokyo. Après avoir fait l’analyse et l’état des lieux du tirage au sort féminin, place maintenant aux catégories masculines.
En l’absence d’Alpha Djalo (-81 kg) qui n’a pas réussi à décrocher sa qualification, ce sont donc six athlètes emmenés par un Teddy Riner très attendu qui fouleront les tapis du Kodokan de Tokyo.
Les combattants de l’équipe de France
-60 kg : Luka Mkheidze : vice-champion d’Europe 2021
-66 kg : Kilian Le Blouch : 3e aux championnats d’Europe 2020
-73 kg : Guillaume Chaine : 5e au Grand Slam de Tashkent 2021
-90 kg : Axel Clerget : 3e aux championnats du Monde 2019
-100 kg : Alexandre Iddir : 3e aux championnats d’Europe 2021
+100 kg : Teddy Riner : double champion olympique
Les chances de médaille
Soyons complètement objectifs, les chances sont minces. Ceci étant dit, cela ne veut pas dire que les combats seront inintéressants ou perdus d’avance. Il est toujours bon de rappeler que sur une compétition olympique les athlètes se dépassent comme jamais auparavant et que les surprises sont nombreuses.
La différence pourrait venir de la préparation physique et mentale qu’auront suivi les Tricolores, puisqu’à part le grand Riner, tous se présentent en outsider. Mais ce statut les place aussi dans des tableaux moins aisés, avec parfois des premiers combats pouvant être énergivores et dont on se passerait volontiers un tel jour.
Ainsi, Luka Mkheidze, bien qu’ayant hérité d’un bon tirage, commencera sa compétition par un combat contre l’Espagnol Garrigós, dans une revanche de leur finale européenne qu’il avait perdue. En -66 kg, Kilian Le Blouch devra surpasser un Nigérien pour voir ensuite voir se dresser devant lui le Japonais Abe, pour leur première confrontation directe. Un combat qui devrait être palpitant tant les styles sont opposés, la tactique du Français contre la technique du Nippon.
Gros morceau pour Guillaume Chaine (-73 kg) également qui, s’il gagne son premier combat, aura à sortir le Géorgien Shavadatuashivli, champion du monde en titre. En -90 kg, Axel Clerget n’est pas plus gâté avec un Tadjik en entrée suivi du Néerlandais van ‘t End, tête de série n°2 et champion du monde, au 2nd tour.
Alexandre Iddir (-100 kg) se trouve quant à lui projeté dans le quart de tableau le plus dense d'où il faudra sortir, pour rejoindre la demi-finale, l’Azéri Kotsoiev, 3e aux championnats d’Europe, le Canadien Elnahas, champion panaméricain et le Géorgien Liparteliani, vice-champion olympique dans la catégorie inférieure. Du beau monde donc.
Le cas Teddy Riner
Ce sera à coup sûr vers lui que tous les regards seront tournés le 30 juillet. Lui qui ne pense qu’à cette compétition depuis son titre de 2016, avec dans l’espoir de devenir ici à Tokyo triple champion olympique et ainsi égaler le record du Japonais Nomura.
Et l’Histoire retiendra que s’il y parvient, il aura sué tant le chemin est semé d’embuche. D’entrée, il faudra faire face à l’Autrichien Hegyi, petit et gaucher, qui a défaut d’être dangereux peut se montrer pénible. Ensuite, ce sera l’Israélien Sasson, un petit peu en perte de vitesse ces dernières années, mais dont les techniques à genoux créent à chaque fois la surprise dans cette catégorie des lourds.
Enfin, et simplement au stade des quarts de finale, devrait se présenter le Russe Bashaev, vice-champion du monde 2021 et présenté comme l’homme dangereux avec son petit gabarit.
Si tout va pour le mieux pour le Français et pour les têtes de série de la catégorie, on devrait voir une demi-finale contre le Géorgien Tushishvili avant une finale espérée contre le Japonais Harasawa, le Tchèque Krpalek ou le Néerlandais Grol.
Point positif, ces trois judokas ont tous un judo plus standardisé et qui sierra surement d’avantage au Français, bien qu’il ne faille surtout pas négliger l’impact physique qu’ils seront susceptibles de mettre puisque plus dans le rythme des compétitions.
Si vous êtes amateurs de beau judo, il faudra se tourner vers la catégorie des -66 kg et de l’Ukrainien Zantaraia qui hérite d’un quart de tableau relativement ouvert. N’oublions pas non plus dans cette catégorie le Moldave Vieru et l’Italien Lombardo, deux grands techniciens qui auront peut-être à s’affronter en quart de finale. En -73 kg, focus sur l’extraterrestre Shohei Ono, champion olympique en titre qui avait littéralement survolé la compétition en 2016 à Rio et que personne ne semble pouvoir arrêter.
S’agissant des autres compétiteurs à surveiller, on peut relever aussi le jeune Suisse Stump (-73 kg), qui a terminé la saison avec des performances pleines de promesses, le Japonais Nagase (-81 kg) qui a vaillamment gagné sa place après de nombreuses blessures ou le Portugais Fonseca (-100 kg) qui sait répondre présent et faire le show lors des grands rendez-vous.
Photo une : Di Feliciantonio Emanuele