The English Game : bien plus qu’un simple jeu
Il y a des bonne nouvelles qui tombent à pic. Alors que nous sommes majoritairement confinés dans nos logements plus ou moins exigus pour une durée indéterminée, Netflix a eu la merveilleuse idée de sortir sa série sur les pionniers du football moderne à la fin du XIXème siècle en Angleterre. Nous l'avons dévorée pour vous.
Quand il s'agit de parler de ballon rond, la plateforme de streaming nous a habitués à des créations assez hétérogènes. Après la très bonne surprise Sunderland 'till I die, l'excentrique et déconcertant Maradona au Mexique ou encore le biopic sur Carlos Tévez façon telenovelas, difficile de savoir à quoi nous attendre concernant cette série retraçant les débuts du sport que nous adorons tous. Nos craintes se sont vite atténuées quand nous avons appris que le réalisateur n'était nul autre que Julian Fellowes, spécialiste de la période et créateur de Downton Abbey, série britannique à succès.
La naissance du football moderne
Honnêtement, nous n'avons pas été déçus. En six épisodes de quarante-cinq minutes, la série retrace l'histoire de Fergus Suter et Jimmy Love, deux Écossais évoluant à Patrick, recrutés dans le club de Darwen, petite ville ouvrière du Lancashire. Nous sommes alors en 1879. À cette époque, tous les joueurs sont amateurs. Alors que le football a été inventé par les membres de la haute société, le sport commence à se démocratiser. Dans leur nouveau club de Darwen, les deux joueurs reçoivent un salaire en plus de leur travail à l'usine de textile. Ils deviennent ainsi les premiers joueurs professionnels de l'histoire du football. Toutefois, cette pratique est interdite dans le règlement de la FA (Football Association), la fédération anglaise de football dirigée alors par les gentlemen qui composent l'équipe des Old Etonians, vainqueurs sortants de la plus vieille compétition du monde : la FA Cup.
S'en suit une intrigue bien nouée entre ambition, corruption et passion. Les similitudes avec le football d'aujourd'hui sont parfois troublantes tant la malice des membres de l'administration, la violence des supporters et l'avidité des propriétaires de clubs sont des problématiques auxquelles nous sommes confrontés plus de 140 ans après les faits.
Une toile de fond historique
Mis à part l'aspect purement sportif de la série, ce qui marque le plus reste la dimension sociale que véhicule le football. Dans une Angleterre en pleine ère industrielle, les inégalités font rage. Le Sud, représenté par la capitale Londres, rassemble toute la bourgeoisie britannique. La fracture est totale avec le Nord et ses usines où l'on file le coton. La série dépeint parfaitement la précarité dans laquelle vit la classe ouvrière. Vingt ans avant la création du Parti Travailliste, les syndicats ouvriers prennent de plus en plus d'importance dans la usines et se battent sans cesse pour empêcher la baisse des salaires et réduire le temps de travail.
Après visionnage, nous arrivons à une seule conclusion : le football est bien plus qu'un simple jeu. Comme il le fait de nos jours pour des millions, voire des milliards, de personnes à travers le monde, le football permettait aux ouvriers d'oublier le temps d'un match leur condition sociale. Par la même occasion, c'était toute la ville qui vibrait en espérant les exploits de l'équipe de leur usine.
Bien sûr, comme dans toute série, et surtout sur Netflix, il y a des intrigues parallèles, qu'elles soient romantiques ou familiales. Il en faut pour tous les goûts et cela ne change pas le ton général de la série.
Même si Netflix a décidé de baisser la qualité de son image pour réduire la consommation globale de bande passante, nous vous recommandons de prendre une ou deux soirées pour enrichir votre culture footballistique et vous rappeler à quel point ce jeu anglais est si important dans notre société.
Crédits photo de Une : Univers Freebox
@TheoPutavy