Quelques années avant l'exploit de Simon Gauzy lors des championnats du monde 2019 qui se déroulaient au même endroit, le ping tricolore avait (déjà) surperformé à Budapest, en Hongrie. En 2016, Emmanuel Lebesson était venu à bout de ce même Simon Gauzy pour s'offrir le plus grand titre de sa carrière, celui de champion d'Europe. Retour sur une compétition d'exception.

 

Jamais une finale des championnats d'Europe n'avait vu deux français s'affronter. Aucun tricolore ne s'était même imposé depuis Jacques Secrétin en 1976. 40 ans plus tard, à l'occasion de la 35e édition des championnats d'Europe, Simon Gauzy et Emmanuel Lebesson ont mis fin à la disette.

Les tricolores étaient pourtant bien loin d'imaginer un tel scénario avant la compétition. Arrivés avec le statut d'outsiders en Hongrie, les deux compères voient le tableau s'ouvrir après que les deux premières têtes de série, Dimitrij Ovtcharov et Vladimir Samsonov, aient respectivement été sorties au deuxième tour et en 8e de finale par Jakub Dyjas et Robert Gardos. Mais le chemin à parcourir jusqu'à la finale est encore long. Opposés à Shibaev et Fegerl, Gauzy et Lebesson passent un premier obstacle de taille dans ce tableau, et rallient les quarts de finale. Un stade de la compétition où se dressent sur leur route Gardos, tombeur de Samsonov, et le Portugais Freitas, l'un des tout meilleurs joueurs du continent.

 

Des Français qui tiennent leur rang, et se donnent rendez-vous 

Présents dans les huit derniers candidats au titre, Emmanuel Lebesson et Simon Gauzy vont au fil des tours accomplir leur destin. Opposé à Marcos Freitas dans un duel 100% gaucher, Emmanuel Lebesson réalise un premier exploit. Mené 1 set à 0 puis 2 sets à 1 par le Portugais, le Français ne lâche pas, et use de son service et de la qualité de sa première attaque de coup droit pour acculer son adversaire. Il finit par renverser la rencontre, et s'impose 4 sets à 2. Le Niortais se qualifie pour les demi-finales, stade lors duquel il viendra presque sans difficulté à bout de Dyjas, tombeur d'Ovtcharov plus tôt dans le tournoi (4-1).

De l'autre côté du tableau, c'est dans le dernier carré que Simon Gauzy va réaliser l'un des plus grands exploits de sa jeune carrière. Après avoir écarté Gardos en quarts, le Toulousain retrouve la légende allemande Timo Boll au tour suivant. Souvent très proche de son adversaire lors de leurs précédents affrontements, Gauzy est une nouvelle fois bien dans son match face à cet adversaire. Malgré la perte de la première manche, ne n°1 français s'accroche pour ne pas laisser l'Allemand s'envoler au tableau d'affichage. A force d'abnégation, il parvient à reprendre les devants en remportant les deux sets suivants. Moment choisi par Timo Boll pour jeter l'éponge, à la stupeur générale. Touché au cou, le grandissime favori de cette fin de tournoi laisse celui que l'on surnomme “Zigaille” rallier la finale. Une finale pour laquelle ce dernier est donné favori, son passé international étant plus accompli que celui de son compatriote.

 

Lebesson, jusqu'au bout de son rêve

Mais ce tournoi n'a pas fini de nous réserver son lot de surprises. Dans ce duel de finalistes 100% français, les deux premières manches sont extrêmement serrées. Lebesson remporte la première sur le score de 14-12, après avoir notamment été mené 4-9 puis avoir sauvé deux balles de set. Mais Gauzy n'a pas dit son dernier mot, et remporte la seconde, 11-9. Un début de match équilibré, qui va néanmoins rapidement basculer en faveur de l'outsider déclaré de cette partie. Plus solide dans les moments clés à partir du troisième set, Lebesson prend l'ascendant, et profite d'un Gauzy morose pour remporter le troisième acte puis le quatrième (11-7, 11-3). Dans le cinquième, la dynamique se poursuit. Lebesson parvient le plus souvent à prendre l'avantage dans l'échange, poussant le plus jeune des deux joueurs à la faute. Le premier nommé se détache une nouvelle fois assez rapidement, et, sur une dernière faute en bloc de Simon Gauzy, Emmanuel Lebesson peut exulter. Le voilà champion d'Europe pour la première fois de sa carrière.

Un revers qui fait mal à la tête de Simon Gauzy, 22 ans, qui connaît là un vrai coup dur tant l'occasion était belle de s'offrir le graal européen. Après la déception des JO, cette défaite est une autre “droite dans la tronche” selon les dires du jeune français.

Pour Emmanuel Lebesson, en revanche, ce titre vient récompenser des années d'efforts et de sacrifices, pour un joueur qui avait déjà été champion de France, et qui venait presque régulièrement à bout des meilleurs joueurs européens en compétition internationale, mais qui n'était encore jamais parvenu à réitérer cet exploit sur toute la durée d'une échéance de ce niveau.

 

Crédit photo de l'image en Une : Le Télégramme

 

Grégoire Allain