Roland-Garros est de retour, 8 mois après sa si particulière édition 2020. En l’absence de Simona Halep, habituelle favorite du Grand Chelem parisien mais blessée au mollet, 3 têtes sortent du lot dans le tableau féminin : Ashleigh Barty, Aryna Sabalenka et Iga Świątek. Présentations des forces en présence.
La n°1 mondiale : Ashleigh Barty
S'il ne fallait garder qu'une seule favorite cette édition 2021 de Roland-Garros, ce serait probablement elle. Depuis le début de l'année, Ashleigh Barty a rappelé qu'elle était la patronne du circuit WTA. Contestée au sommet de la hiérarchie après avoir zappé la reprise de la saison 2020, l'Australienne a répondu sur le terrain. Barty en 2021, c'est 3 titres à Melbourne, Miami et Stuttgart, une finale à Madrid et une place de numéro 1 à la race.
Surtout, l'Australienne est à l'aise sur terre battue. Sa tournée européenne est une réussite jusqu'ici, avec des victoires contre Plíšková, Svitolina et Kvitová, mais aussi face à ses plus sérieuses concurrentes Sabalenka et Świątek. Son jeu fait de variations se marrie bien avec la surface et ses nombreuses victoires contre des joueuses du top 10 mondial montrent sa très grande confiance à l'approche de Roland-Garros.

Seul bémol, Barty a fini sa préparation éprouvée physiquement, épuisée par l'enchaînement des matchs. Elle a d'ailleurs été contrainte à l'abandon pour son dernier match à Rome suite à une alerte au niveau du bras. Mais ce retrait ressemblait à une mesure de précaution pour éviter une blessure plus sérieuse et les deux semaines sans compétition avant Roland-Garros devraient lui avoir permis de récupérer.
Au premier tour, Barty devra se méfier de l'Américaine Bernarda Pera, qui avait passé quelques tours à Madrid et Rome. Si tout se déroule bien pour l'Australienne, elle pourrait croiser la route de Jabeur ou Putintseva au troisième tour, puis de Gauff ou Brady en huitièmes, avant un potentiel quart de finale contre Svitolina ou Plíšková.
La tenante du titre : Iga Świątek
À l'autre bout du haut de tableau, une autre joueuse se place en favorite de Roland-Garros. À seulement 19 ans, la tenante du titre Iga Świątek s'est imposée comme une valeur sûre du circuit. Depuis son sacre surprise en octobre dernier, son armoire à trophées s'est notamment remplie de 2 nouveaux titres, acquis à Adélaïde, après l'Open d'Australie, et à Rome, il y a deux semaines.
Dans la capitale italienne, la Polonaise avait impressionné avec des victoires nettes contre Svitolina et Gauff. En finale, elle s'était même permise d’infliger une “bicyclette” à Plíšková, appuyant un peu plus son nouveau statut de top player. Cette victoire lui a d'ailleurs permis de s'installer pour la première fois de sa carrière dans le top 10 du classement WTA.

Świątek arrive ainsi à Roland-Garros avec une confiance à son maximum. À Paris, où les conditions de jeu sont similaires à ceux de Rome, elle pourrait une nouvelle fois refaire des ravages avec son lift en coup droit. Au premier tour, la tête de série n°8 affrontera une joueuse de sa génération, la Slovène Kaja Juvan. Elle pourrait ensuite croiser la route de Muguruza, très en forme depuis le début de la saison, en huitièmes de finale, puis celle de Sofia Kenin, pour une revanche de la finale de l'an passé. Si elle passe tous ces obstacles, Świątek pourrait éventuellement retrouver en demi-finale Barty pour ce qui ressemblerait à une finale avant l'heure.
La nouvelle menace : Aryna Sabalenka
Elle aussi réalise une excellente saison sur terre battue. Finaliste à Stuttgart, titrée à Madrid, Aryna Sabalenka a explosé sur la surface cette année. Un constat surprenant quand on sait que la joueuse est surtout connue pour s'appuyer en grande partie sur sa puissance. Mais la Biélorusse a étendu sa palette technique pour proposer plus de variations à l'échange et n'est plus seulement une machine à frapper. Une évolution bienvenue de son jeu qui explique en partie sa nouvelle réussite sur terre battue.
Dorénavant, Sabalenka est aussi une menace sur les terrains de brique pilée. Avec Halep (avant sa blessure) et Barty à son tableau de chasse, elle a battu de vraies références sur terre battue. Le niveau de jeu et la confiance tout au long de sa préparation montre que la surface n'est plus un problème et qu'il faudra la prendre au sérieux à Roland-Garros.

Finalement, c'est surtout son inexpérience en Grand Chelem qui pourrait lui poser le plus de problèmes. Sabalenka n'a pas encore passé le cap des huitièmes de finale, malgré deux tentatives. À l'Open d'Australie, elle avait d'ailleurs fini le tournoi frustrée, éliminée aux portes des quarts de finale par une Serena Williams pourtant à la limite physiquement. À Roland-Garros, la Biélorusse n'a jamais passé le troisième tour en 3 participations.
Placé dans le bas de tableau, Sabalenka commencera son tournoi par affronter une joueuse issue des qualifications. Elle pourrait ensuite affronter Pavlyuchenkova au troisième tour, puis Azarenka en huitièmes de finale. Si la Biélorusse réussit à briser son plafond de verre et à se qualifier pour les quarts de finale, elle pourrait de nouveau trouver sur sa route Serena Williams.
Des outsiders remplies d'incertitudes
Qui peut contester le titre à ces trois joueuses ? Les prétendantes sont nombreuses, mais chacune vient à Paris avec son lot d'incertitudes. Parmi elles, Garbiñe Muguruza arrive à Roland-Garros forte d'un excellent début de saison, ponctuée d'un titre à Dubaï en mars. Malheureusement, l'Espagnole s'est blessée à la cuisse début avril et n'a pu reprendre la compétition qu'à Rome. Si elle n'a pas fait mauvaise figure en Italie, son manque de compétition pourrait être rédhibitoire pour espérer aller loin dans le tournoi.
La numéro 2 mondiale Naomi Osaka fait également partie des potentielles outsiders de Roland-Garros, d'autant qu'elle a été relativement épargnée par le tirage au sort. Cependant, la terre battue est la surface sur laquelle la Japonaise a le plus de mal à s'exprimer, particulièrement à Paris où elle n'a jamais passé le troisième tour. De plus, sa décision de boycotter les conférences de presse pour la quinzaine pourrait lui apporter un poids supplémentaire à supporter.
Enfin, Serena Williams tentera une nouvelle fois sa chance dans la quête d'un 24e Grand Chelem en carrière. Même à Roland-Garros, seul Majeur où elle n'a pas atteint les demi-finales depuis son retour, l'Américaine ne sera pas à sous-estimer. Son Open d'Australie 2021 (demi-finales avec des victoires contre Sabalenka et Halep) a montré qu'elle était encore capable de battre les meilleures joueuses du monde dans un bon jour. Cependant, sa préparation médiocre (défaite d'entrée à Rome, élimination en huitièmes à Parme) n'est pas de nature à rassurer sur ces chances de victoire finale.
Crédit photo : WTA